Marranos

Étymologie et appellations [modifier]
L’origine de l’appellation marranes ou Marranos est incertaine. L’étymologie la plus communément retenue est celle de l’espagnol marrano, signifiant cochon (lui-même dérivé de l’arabe ????? muharram signifiant « rituellement interdit », se référant à la prohibition de la viande de porc des religions juive et musulmane).
Une autre explication suggère qu’ilproviendrait de l’araméen maranatha (en) (???? ??; maranâ’ thâ’ ou ??? ???; maran ‘athâ’ ) qui signifie le seigneur est venu[1]. Ce terme aurait été alors tourné en dérision par les catholiques ou les juifs non convertis, et appliqué aux juifs qui ont choisi/subi la conversion. D’autres étymologies possibles sont l’hébreu mumar (apostat), les mots arabes marana (pliant, flexible) ou barrani(étranger).
Quelle que soit l’origine du mot, l’aspect péjoratif du terme est évident et corroboré par d’autres appellations que l’on rencontrait dans cette région. Ainsi, les habitants de Majorque utilisaient le terme de Xuetes (Xua, un mot catalan faisant référence à la préparation à base de porc, que les Xuetes consommaient afin de prouver la sincérité de leur catholicisme à moins qu’il ne s’agissed’un dérivé de jueu, forme catalane de juif). Une autre dénomination insultante utilisée à leur endroit était celle de alboraycos (vraisemblablement dérivée de l’arabe Al-Buraq, nom de la monture hybride moitié-jument moitié-femme qui, selon la tradition islamique, transporta Mahomet au ciel). Pareillement, ces juifs convertis étaient considérés comme des êtres hybrides, en partie juifs, en partiechrétiens, et de fait ni juifs, ni véritablement chrétiens[2].
Le terme plus général pour les désigner était celui de conversos, nom générique qui met l’emphase sur les juifs convertis sans préciser l’aspect forcé de leur conversion, ni leur allégeance secrète au judaïsme[3] (ce terme a également pu être appliqué aux musulmans convertis, par ailleurs plus spécialement appelés moriscos ouMorisques). Ils furent également nommés anousim (terme hébreu générique pour les Juifs convertis par la force et qui n’est pas spécifique à cette période, signifiant contraints). Au Portugal, on les désigna sous le nom de cristãos novos (nouveaux chrétiens, terme qui pouvait également inclure les convertis d’origine musulmane). Une appellation plus neutre utilisée par certains auteurs pour les désigner estcelle de crypto-juifs, puisque les marranes étaient des juifs séfarades (juifs de la Péninsule Ibérique) convertis au christianisme mais qui continuaient secrètement la pratique du judaïsme[4][5][6].
Brève histoire des Marranes [modifier]
À partir du XVe siècle, l’Espagne décida d’appliquer une politique plus répressive à l’égard des communautés juives résidant dans ses royaumes (voir Limpiezade sangre), et entama des campagnes de conversion plus ou moins forcées. Cette politique répressive fut encore renforcée avec le développement de l’effort d’Inquisition, en particulier sous la houlette impitoyable du premier Grand Inquisiteur, Tomás de Torquemada. Cette politique culmina avec le décret d’Alhambra, le 31 mars 1492, qui donnait aux juifs le choix entre la conversion ou l’exil. Lesconditions de l’exil étaient telles qu’elles les forçaient en plus, dans les faits, à abandonner presque tous leurs biens sur place, au profit de l’Inquisition et des autorités royales. Il existait déjà des marranes auparavant, c’est-à-dire des juifs qui s’étaient convertis au catholicisme mais qui continuaient à pratiquer leur religion en secret (et qui furent d’ailleurs la cible principale del’effort d’Inquisition). Mais à partir de cette date, tous les juifs qui ne purent partir mais qui ne souhaitaient pas abandonner leur religion furent forcés de devenir marranes ou crypto-juifs, c’est-à-dire « officiellement » catholiques mais judaïsants en secret. Il faut cependant préciser que certains juifs se convertirent volontairement, pour continuer leur carrière[7] ou maintenir leurs…