Marx subjectivité
« Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience. » (Marx, L’idéologie allemande, extrait)
Au XVIIe siècle le monde, et notamment celui de la pensée, est troublé par divers changements. On assiste à une remise en question des traditions et les hommes tentent de se représenter l’univers à partir de nouveaux fondements et paradigmes cosmologiques. Onappelle cette époque la modernité. L’homme se considère supérieur à la nature et se place ainsi au centre de l’univers. L’idée de subjectivité apparait alors en tant que fondement de la vérité, notamment avec le « cogito » de Descartes.
« Je connus de là que j’étais une substance dont toute l’essence ou la nature n’est que de penser, et qui, pour être, n’a besoin d’aucun lieu, ni ne dépendd’aucune chose matérielle. » Descartes
C’est la direction opposée qu’emprunte Karl Marx, philosophe, économiste et écrivain, dans cette citation tirée de l’ouvrage « L’idéologie allemande ». Karl Heinrich Marx né en Allemagne en 1818 et issu d’une famille aisée, développe dans la première partie de son œuvre la conception de matérialisme historique. Conception permettant une analyse de l’histoire,notamment des classes sociales, fondée sur des causes matérielles.
La notion de conscience, dont il est question dans cette assertion catégorique, est utilisée ici au sens large, en tant que ce qui définit un sujet ; ses valeurs, croyances, idées et représentations. Dans cet énoncé, Karl Marx affirme ainsi que ce n’est pas l’individu qui donne un sens à sa vie matérielle mais que c’est, aucontraire, sa vie matérielle qui lui donne un sens. Ce n’est plus le sujet qui donne un sens aux objets mais les objets qui définissent le sujet.
Afin d’explorer pleinement cette thèse, la notion de subjectivité selon Descartes sera exposée puis confrontée aux arguments de Marx. La notion de « vie matérielle » dont il est question ici sera ensuite définie afin de mieux comprendre pourquoi, selonMarx, elle définit un individu.
Il sera ensuite nécessaire d’analyser la thèse de Marx afin de relever quelques contradictions et finalement de se demander si la subjectivité individuelle est vraiment un mythe.
Descartes, philosophe du XVIIe siècle ayant toujours persisté à rechercher des certitudes absolues en s’inspirant des sciences rigoureuses, remet en cause, grâce à son doute méthodique,jusqu’à l’existence de l’univers. Il s’aperçoit alors rapidement que l’unique chose en laquelle il peut croire est sa propre existence. En effet, le doute le mène à imaginer que tout n’est qu’illusions, or l’illusion est une pensée, donc il y a un sujet pensant, quelqu’un qui est illusionné. Plus il doute, plus il est certain qu’il est sujet au doute et donc qu’il est une chose pensante. « Je pensedonc je suis. »
Descartes affirme alors qu’il est une substance dont la nature n’est que de penser, que pour ce faire il n’a besoin d’aucun lieu, d’aucune chose matérielle. Que son esprit est capable d’élaborer des idées indépendamment de son corps, de ses perceptions. « … en sorte que ce moi, c’est à dire l’âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et mêmequ’elle est plus aisée à connaître que lui, et qu’encore qu’elle ne fût point, elle ne laisserait pas d’être tout ce qu’elle est. »
De la certitude du « je pense », découle la certitude de l’existence. Etant donné qu’il est enfin arrivé à une évidence, toutes les croyances, assertions, ou jugements au sujet de ses pensées lui apparaissent alors comme vraies. En effet, ses pensées ne peuventêtre trompées par le monde extérieur du fait de ce dualisme corps/âme. Descartes peut alors ériger la conscience comme fondement de toutes certitudes. Il fait de la conscience un « moi » inébranlable, indépendant de tout facteur extérieur, il affirme qu’elle est une « substance pensante » c’est-à-dire une substance qui subsiste même à travers divers changements (morceau de cire).
Ainsi, selon…