Mémoires

Cinquième et dernier seigneur de Saint-Jean-Port-Joli, Philippe-Joseph Aubert De Gaspé, auteur des Mémoires, a permis, de par son œuvre, de dresser un des meilleurs tableaux de la société canadienne du début du XIX? siècle. Relatant ses souvenirs les plus lointains, Philippe Aubert De Gaspé, dans ses Mémoires, a toutefois omis de raconter certains évènements clés de sa vie. D’ailleurs, c’est laraison pour laquelle j’ai choisi de traiter du sujet suivant : Pourquoi, au chapitre V de ses Mémoires, Philippe Aubert de Gaspé s’attache-t-il à vouloir réhabiliter M. de Repentigny? Ainsi, je montrerai comment l’auteur a voulu, à travers ce chapitre, redorer la noblesse canadienne et rétablir sa propre réputation qui avait été entachée par son emprisonnement plusieurs années auparavant.
Redorerla noblesse canadienne
La Conquête de la Nouvelle-France par les Britanniques en 1760 porta un dur coup à la noblesse canadienne. En effet, après la Conquête, les Anglais s’installèrent peu à peu sur le territoire canadien-français et commencèrent à mépriser la noblesse canadienne composée, entre autre, de seigneurs. Ainsi, les Anglais, majoritairement opposés au régime seigneurial déjà enplace, firent tout de même l’acquisition de seigneuries espérant faire de l’argent lors de l’abolition de ce régime pour laquelle plusieurs militaient puisque, comme le mentionne Gérard Parizeau : « La loi prévoit une compensation raisonnable qui sera versée au seigneur pour tout droit lucratif qu’il possède ».
Suite à une longue lutte entre les opposants et les militants, le système seigneurial futabolit en 1854 au grand malheur de Philippe Aubert De Gaspé qui, toute sa vie durant, a vanté les mérites de ce régime. Ainsi, le régime seigneurial allait laisser place au franc-alleu roturier, soit « une propriété libre de tous droits seigneuriaux » dont le propriétaire n’appartient pas à la noblesse. Suite à cette abolition, beaucoup d’Anglais devinrent propriétaires et les anciens seigneurscanadiens-français perdirent beaucoup de crédibilité.
C’est donc, avec en mémoire ces évènements, que Philippe Aubert de Gaspé tenta de réhabiliter la noblesse canadienne, qui avait perdu de son prestige, en réhabilitant M. de Repentigny. Ainsi, dans le chapitre cinq des Mémoires, le narrateur fait mention du mépris des Anglais envers les Canadiens-français comme l’illustre le passage qui suit :« Messieurs les Anglais ont de tout temps, à ma connaissance, beaucoup applaudi aux sarcasmes lancés contre la noblesse canadienne, sans songer que leurs riches parvenus sont beaucoup plus hautains, plus orgueilleux, que ne l’a jamais été la noblesse française et même celle de leur nation ». Cet extrait du texte met aussi en lumière la volonté de l’auteur de vouloir défendre la noblesse canadiennetout en écorchant au passage la noblesse anglaise. De plus, Philippe Aubert de Gaspé défend M. de Repentigny (présumé meurtrier) en prétendant que sa présumée victime (Philibert) avait eu ce qu’elle méritait tout en évoquant les rumeurs peu honorables qui circulaient au sujet de la noblesse canadienne : « On a lancé force sarcasmes à l’ancienne noblesse canadienne : les plus indulgents on dit quec’était un noble orgueilleux, lequel, en vertu de son rang et de certains privilèges nobiliaires, croyait mordicus avoir le droit de verser impunément le sang d’un plébéien […] ». Dans le même ordre d’idées, nous pouvons faire un parallèle entre l’ardeur que met l’auteur à défendre M. de Repentigny et son souhait de vouloir redonner aux nobles canadiens leurs lettres de noblesse. À cet effet,Philippe Aubert de Gaspé ne cesse d’insister sur le fait que M. de Repentigny était « un brave gentilhomme canadien » et qu’il ne méritait pas ce qui lui arrivait, tout comme, pour l’auteur, la noblesse canadienne ne méritait pas d’être calomniée par les Anglais.
De même, nous pouvons affirmer que Philippe Aubert de Gaspé tente de redorer la noblesse canadienne, non seulement en se portant à la…