Nuit rhénane, apollinaire

Nuit-Nuit Rhénane, Apollinaire

1er poème d’un sous-ensemble de pièces du recueil Alcools, intitulé Rhénanes, daté des années 1901-1902. Ces poèmes remontent à l’époque où Apollinaire séjournait en Rhénanie, où il suivit la Vicomtesse de Milhaud et ses enfants dont il sera le précepteur. Il est amoureux de la gouvernante, du même âge que lui (21ans) Annie Playden.
Ces régions d’Allemagne commela Rhénanie marquent l’inspiration d’Apollinaire, car elles sont peuplées de légendes et d’histoires où le folklore populaire se mêle au romantisme aristocratique.

Les rives du Rhin servent de décor privilégié dans les Rhénanes mais aussi dans d’autres poèmes d’Alcools où le fleuve concurrence avec la Seine.
Nuit Rhénane se présente sous la forme d’un sonnet en vers réguliers, auquel ilmanquerait le dernier vers.

Ce poème évoque une scène nocturne et rêvée comme le laisse penser le titre. Des images sortiraient du verre du poète surement sous l’emprise de l’alcool. Les visions s’élargissent de + en + et se brisent d’un coup au dernier vers.

Dans ce texte, il est question d’alcool, ce qui raccroche ce poème au recueil. Cependant il est également question de l’ivresse poétique,l’alcool serait-il source d’inspiration poétique ?

I. Les hallucinations du poète

1) Apparitions et disparitions

Des visions se succèdent cycliquement. Elles apparaissent, se développent et disparaissent.
On peut rapprocher le 1er et le dernier vers parallélisme
Anaphore : « mon verre » et le même outil de comparaison « comme »
Ces 2 vers zooment sur le « verre » comme s’il étaitle point de départ, le guide et l’arrêt des visions.
« s’est brisé » : passé composé qui insiste sur l’aspect révolu et sur la disparition brusque des visions.

2) Visions, par détours et ruptures

Entre ces 2 vers qui inaugurent et ferment le poème, des hallucinations se développent, contenant de + en + de personnages.
3 strophes : la 1ère est onirique 7(nombre mystique) femmes sous laLune
la 2ème il y a les femmes blondes + les personnes présentes dans l’auberge
la 3ème Il y a le Rhin, les vignes, le ciel étoilé. Cela rassemble terre et ciel
Le poème semble rassembler tout le cosmos et, sans transition, on passe de tout l’Univers à rien.

Progression spatiale des visions
Le poète avance par bonds successifs
« écoutez » marque une première rupture auditive mise enabyme car le poète s’efface pour laisser place à la « chanson lente du batelier »
« Levez-vous » est une autre rupture, considérée comme une tentative de retour à la réalité suite à la 1ère scène onirique. Le poète demande à ce qu’on amène les jeunes femmes rhénanes blondes et stéréotypées.
Ce retour semble irréel et incertain. Enfin, la vision du Rhin ivre renoue avec la 1ère vision, celle desfées.
« Tout l’or du Rhin » rappelle les légendes rhénanes et leur dimension onirique. Le poète semble envouté et ensorcelé.

3) Les sensations visuelles et auditives

Visuel : œil captivé par les jeux de lumières et de reflets
« trembleur » renvoie au liquide agité dans le verre et aux éclats de lumières qui s’y reflètent effet scintillant C’est une scène nocturne dans une tavernepetits jeux de lumières et de reflets retrouvés en grand avec le Rhin « tout l’or des nuits tombe en tremblant s’y refléter »
l’éclat des étoiles se reflète dans l’eau sombre du Rhin et contraste avec le ciel nocturne.
POLYPTOTE : on reprend et on rapproche « trembleur » et « tremblant ».

Auditif : « Ecoutez la chanson lente d’un batelier » devient « la voix… à en râle-mourir »
Chant quidevient envoûtant et funèbre qui ressemble au chant des sirènes dans l’Odyssée ainsi qu’à celui de la Lorelei des légendes rhénanes. Comme Ulysse, le poète tente de résister, il cherche un stratagème et réclame « chantez plus haut » pour que ce chant réel le ramène à la réalité.
Cependant, la chanson réelle est moins puissante
continuité phonique voyelles nasalisées et consonnes
3ème…