Panorama historique du travail social
Dans le domaine du développement dans les groupes et les institutions, je vais étudier le thème du travail social. Je définirai dans une première partie ce qu’est le travail social et évoquerai les grands courants dont il est issu. Je développerai ensuite la problématique rencontrée dans cette profession à savoir logique humaniste versus logique économique. Je terminerai par la crise identitairequi découle de cette dialogique et des problèmes sociétaux actuels y attachés.
Le travail social peut se définir comme l’aide à des populations en difficultés par des personnes qualifiées et missionnées par le service public (institution) ou par le secteur privé (associations caritatives). Il s’inscrit à la marge de tout ce qui se fait dans la société (yves BAREL). En 1987, AlainBAUBION-BROYE, professeur de psychologie, nous donne une définition du rôle des travailleurs sociaux dans laquelle on perçoit toute la difficulté à verbaliser cette activité : « Le rôle du travailleur social ne se limite pas à celui d’expert ayant pour but l’intégration des individus à un ordre très déterminé. Il ne se limite pas non plus à celui d’animateur de groupes autocentrés et fusionnels, ni d’expertde communications humaines, ni de démiurges, ni de révolutionnaire. Le travailleur social participe en position médiatrice et de relais à des mises en relation des sujets entre eux, des groupes avec des centres de décision et des sujets et des groupes avec des sources d’information et de culture ». Le travail social s’inscrit dans l’altérité car c’est avant tout un travail d’écoute sur l’humainafin de cerner les priorités d’action. Il doit donc définir régulièrement le sens qu’il donne à ce qu’il fait. Le sociologue Serge PAUGAM dit que « le travailleur social doit rechercher des solutions de façon globale et collective et non plus de façon éclatée et individuelle ». Il doit sans arrêt pratiquer des ajustements entre le but à atteindre et l’action engagée. C’est un travail sur soipermanent comme le dit Michel AUTES dans « les paradoxes du travail social ». Pour lui la compétence du travailleur social est intimement liée à sa personnalité. C’est un mélange de savoir, de savoir-faire et de savoir-être.
Pour mieux comprendre le travail social, il faut se rappeler qu’il est ancré dans une culture à la fois philanthropique, hygiéniste, normative et psychologique correspondant auxquatre courants historiques de sa construction. Ainsi le premier remonte au moyen âge ; l’aide aux nécessiteux avait une dimension chrétienne. On pouvait parler de vocation. Elle permettait d’obtenir le salut de l’âme. Aujourd’hui elle est plus laïque et se conçoit comme une attitude nécessaire, humaniste. Elle cherche sa légitimité dans la formation et la compétence. La culture hygiéniste date duXIXème siècle, du nom des médecins qui prônait l’hygiène du corps, de l’alimentation et de l’habitat pour se protéger des maladies. Le but était d’améliorer la nature humaine, cette idée est très ancrée dans nos esprit aujourd’hui encore où la première chose que certains travailleurs sociaux font pour aider une personne en grande difficulté est de lui redonner un logement salubre avec aideménagère afin qu’il soit respectable… Le troisième courant date de l’époque de Vichy où l’on voit apparaître le contrôle social. On va réguler par la loi le comportement des jeunes déviants grâce aux éducateurs spécialisés et aux établissements qui leur sont réservés. De jeunes handicapés sont mis dans des C.A.T avec des éducateurs spécialisés qui s’occupent d’eux, certains pourraient très bien s’insérerdans des entreprises, encore faut-il que la société le veuille !… Le quatrième et dernier courant dit psychologique est apparu dans les années 1950 en réaction à l’aspect relativement répressif du courant normatif. Michel Foucault notamment critique les surveillants trop rigides. Il dénonce un système au service de la classe dominante. Désormais la parole va devenir importante. La dérive,…