Pauperisation sociale en haiti

Introduction
La situation socioéconomique d’Haïti est à la fois un dilemme humain et un défi à relever. Considéré comme le pays le plus pauvre de l’hémisphère américain (le seul PMA de la zone), Haïti occupait la 134ème position sur 162, dans le classement des pays suivant l’Indice de Développement Humain, présenté dans le Rapport Mondial sur le Développement Humain du Programme des NationsUnies pour le Développement (PNUD), pour l’année 2001. Plusieurs facteurs d’ordre politique, économique et social constituent de véritables blocages à son développement.

L’État, que ce soit au niveau central ou local, est surtout perçu comme un pourvoyeur d’emplois, rarement comme fournisseur de services et encore moins comme un agent ou un catalyseur de développement. Des richesses considérablesse gaspillent ou sont exploitées par des moyens rudimentaires qui diminuent la valeur ajoutée créée. Les banques ne cessent de se multiplier alors qu’un très faible pourcentage des crédits est octroyé aux investissements productifs (faiblesses de la production et de l’emploi). Les ressources humaines, quel que soit leur degré de qualification, émigrent, ce qui représente, peut-être, le déficit leplus grave pour le pays.

À tous ces maux, s’ajoute le développement fulgurant d’une situation de pauvreté dans le pays, caractérisée paradoxalement par une situation de crise permanente. Ainsi, un tel contexte nous amène à nous demander : Quelle est, au fait, la relation de causalité qui existe (si tel serait le cas) entre les faiblesses de la production et de l’emploi, la profondeur de la criseéconomique et le phénomène grandissant de la paupérisation sociale ? Cette question servira de fil d’Ariane tout au long de l’élaboration de ce travail de recherche.

Chapitre I : Pauvreté et crise en Haïti

Section 1 : Éléments caractéristiques de la pauvreté

a) Évolution historico-politique

Plus de deux siècles après son indépendance Haïti se trouve à un niveau de développementinsignifiant alors que l’histoire ne semblait pas lui réserver ce triste sort. Colonie française jusqu’en 1804, Haïti a proclamé son indépendance à la suite d’une guerre de libération savamment menée par les pères fondateurs. Haïti a connu depuis sa création que des régimes de nature autocratique et prédatrice. Sur le plan politique, et ce, en dépit des constitutions au contour très libéral, laprésidence à vie et les coups d’état ont fait la règle. Il est rare qu’un mandat présidentiel ne soit pas source de conflits paralysants entraînant des soulèvements populaires. Au cours de son histoire le pays a connu plusieurs interventions étrangères. De 1915 à 1934 il fut occupé unilatéralement par les États-Unis. Soixante ans plus tard, en octobre 1994, ces derniers sont revenus sous couvert d’uneforce d’occupation multilatérale organisée par les Nations-Unies pour restaurer l’ordre constitutionnel, bouleversé à la suite d’un coup d’état militaire.
En dépit de la restauration de l’ordre constitutionnel, la situation générale ne s’est pas améliorée sur le plan politique. Aux causes traditionnelles d’instabilité se sont greffées de nouvelles sources de conflits qui semblent compromettre tousles efforts entamés pour la mise en place d’un État de droit dans le pays. L’instabilité politique demeure persistante et récurrente si bien qu’une nouvelle intervention des forces onusiennes s’avérait nécessaire en 2004 afin de pallier les menaces que le pays représentait pour la région.

b) Critères d’identification des pauvres

Pour identifier les pauvres, trois (3) approches sontgénéralement proposées : l’approche de la méthode directe, celle de la méthode basée sur le revenu, l’indice d’écart de pauvreté qui, elle-même, est une combinaison des deux premières.
La méthode directe consiste à identifier tous ceux-là dont la consommation effective laisse insatisfaites quelques nécessités basiques.
La méthode des revenus consiste à calculer un revenu minimum nécessaire pour…