Peinture du xixème siècle

Loin d’être seulement une série de touches de couleur sur une surface blanche, ou un arrangement réfléchi de divers éléments sur une surface plane, une peinture est d’abord peut-être le reflet de la situation économique et sociale d’une société à un moment bien précis. L’art contemporain ne se laisse jamais facilement analyser. Il n’en allait pas autrement au dix-neuvième siècle. Pour l’œuvrerénovateur d’un Turner, Manet ou Monet, le public ne manifesta au début aucune compréhension. Turner ‘ne savait pas peindre’, Manet ‘enquiquinait une toile avec de la peinture’ et Monet ‘était immoral’, disait-on.
Alors, pouvons-nous nous faire une idée de la vie quotidienne au dix-neuvième siècle par le biais de ce que des peintures nous racontent ? La peinture est-elle le miroir de la société?Nous tacherons de répondre à ces interrogations à travers 3 axes :
I/ L’Académisme
1) Apparition du terme « académisme »
2) La Naissance de Vénus, d’Alexandre Cabanel
II /L’Impressionnisme
1) Un renouveau dans la peinture
2) Olympia, d’Edouard Manet
III/ La modernité contre l’académisme
1) Le Salon des Refusés
2) Le combat des écrivains naturalistes pour la modernitéI/ L’Académisme

1) Apparition du terme « académisme »
Le terme d’« académisme » fait référence aux principes dispensés dans des écoles d’art dûment organisées, aux attitudes qui en découlent, et aux œuvres d’art, généralement ambitieuses, qu’ils génèrent. Elles attestaient parallèlement de la mutation du statut de l’artiste qui de simple artisan se voyait promu intellectuel inspiré. Ilfallait donner au travail artistique un fondement théorique et à l’artiste une formation complète basée sur la pratique du dessin et sur l’enseignement des matières scientifiques (perspective, géométrie, anatomie) et humanistes (histoire, philosophie).
L’Histoire, par sa nature universelle, et l’homme, constituaient le sujet unique, noble, au contenu moral élevé.
Les Académies Royales de peinture etde sculpture furent créés en 1648, par Louis XIV dans le but de garantir aux peintres et sculpteurs le statut d’artiste qui leurs était alors contesté. Le peintre Charles Le Brun en prend la direction. Les Académies prônent alors une méthode radicalement nouvelle d’enseignement des Beaux-arts. Celle-ci érige les œuvres de l’antiquité gréco-romaine pour modèle et repose essentiellement sur unconcept dont les mots clés sont simplicité, grandeur, harmonie et pureté.
L’Académie se compose alors de deux sections : l’Académie de peinture et de sculpture, et l’Académie d’architecture. L’anatomie, la géométrie, la perspective et l’étude d’après le modèle vivant, constituaient les bases de l’enseignement préparatoire à la peinture et à la sculpture.
Quelques préceptes :

• Les thèmesclassiques et chrétiens sont les seuls sujets appropriés.
• Seules les formes les plus parfaites (sculpture classique et peinture de Raphaël) devraient être tirées de la nature
• Un nombre limité de postures et de gestes expressifs « nobles » sont seules propres à la représentation de la figure humaine
• La figure humaine est la plus noble et exprime la beauté « absolue » dans sa perfection
• Lacomposition picturale doit préserver l’équilibre, l’harmonie et l’unité classiques : elle ne doit pas comporter aucun élément discordant ni dans la forme ni dans l’expression.

Ce n’est qu’au XIXe siècle que le mot « académie » se teinte d’une nuance nouvelle. Le Romantisme, niant la thèse selon laquelle génie et art découlent de règles, oppose sa liberté à la raideur dogmatique et formelle del’Académisme. Ce dernier devient alors synonyme de prouesse technique, de style conventionnel, raide, scolaire. Le nu, sujet de prédilection, se métamorphose: chaste, exclusivement masculin, il se mue en créature féminine voluptueuse
(La Naissance de Vénus, Cabanel), idéalisée à outrance.

2) La Naissance de Vénus, d’Alexandre Cabanel

Alexandre Cabanel (28 septembre 1823 à Montpellier -…