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ANALYSE DU SUJET

Ce sujet s’inscrit dans la deuxième partie du programme « Inégalités, conflits et cohésion sociale : la dynamique sociale », et plus particulièrement dans le point 3 de celle-ci, « Intégration et inégalités » : lien social, socialisation, intégration et exclusion. Le lien social relie les individus les uns aux autres, les relie ensemble à lasociété et aux groupes sociaux auxquels ils appartiennent, produisant ainsi de la cohésion sociale. La construction de ce lien est le résultat d’un long processus de socialisation, apprentissage social par lequel l’individu apprend et intériorise les valeurs et les normes sociales de son groupe d’appartenance. La fragilisation du lien social désigne le processus d’affaiblissement des liens qui unissentl’individu à la société, à tel point que ceux-ci sont souvent proches de la rupture et que l’intégration de la personne se trouve menacée. Le sociologue R. Castel utilise le terme de désaffiliation, qui désigne le processus générant les situations d’exclusion, en retraçant le parcours qui a conduit l’individu à connaître un risque accru de mise à l’écart de la société. Selon lui, la participationconcrète des individus à la vie collective peut être analysée selon deux axes principaux : celui qui définit leur rapport à l’emploi et à la protection sociale, et celui qui traduit l’ensemble de leurs échanges hors sphère professionnelle et de leur relations sociales (famille, amis, quartier, associations…) Or, on a assisté depuis deux décennies, d’une part à la fin d’une organisation économiquequi garantissait le plein emploi et d’autre part à la désinstitutionnalisation des relations sociales et notamment familiales. Ces deux axes principaux semblent particulièrement bien adaptés pour répondre à la question du sujet, qui propose d’analyser les causes de la fragilisation du lien social depuis le début des années quatre-vingt en France, d’autant plus que les documents vont dans le mêmesens.

Rappel de cours 1
L’intégration sociale est un thème fort chez E. Durkheim. Celui-ci considère qu’une société est intégrée si l’individu « au lieu d’être réduit à ses
©HATIER

seules forces, participe à l’énergie collective et vient y réconforter la sienne quand elle est à bout ». Il y voit trois conditions : 1. Les individus possèdent une conscience commune et partagent les mêmessentiments, croyances et pratiques. 2. Ils sont en interaction les uns avec les autres. 3. Ils se sentent voués à des buts communs. Nous pouvons retenir comme questions-guides :

1. Comment les difficultés économiques (précarisation de l’emploi et chômage) expliquent-elles la fragilisation du lien social ? 2. Y a-t-il d’autres causes plus sociologiques ?

BIEN COMPRENDRE LES DOCUMENTSDocument 1

Mots clés
– emploi total – statut – emplois à durée limitée – actifs occupés à temps partiel

Comment exploiter le document ?
Cet extrait des Données sociales de l’INSEE en 2003 nous montre l’évolution parallèle de l’emploi total, de la part de l’emploi à durée limitée et de la part des actifs occupés à temps partiel entre janvier 1990 et mars 2002. Alors que l’emploi total a augmentéde 6 % environ pendant cette période, l’emploi des femmes augmentait plus rapidement et l’emploi salarié progressait de 10 % environ. Dans le même temps, l’emploi à durée limitée, c’est-à-dire celui qui fait l’objet d’un contrat qui limite le temps d’embauche (quelques jours, 6 mois, un an…) augmentait de façon importante, passant de 6,9 % des actifs en 1990 à 9,9 % des actifs en 2002, soit unehausse de 3 points de pourcentage. Parmi ceux-ci, les intérimaires connaissent la progression la plus forte (+ 100 %). Par ailleurs, la proportion d’actifs occupés à temps partiel augmente fortement, notamment chez les femmes dont la proportion d’actives occupées à temps partiel passe de 23,6 % à 29,7 %, soit une hausse de 6,1 points. L’augmentation de ces deux catégories d’emploi, facilitée par…