Philo conscience

L’INCONSCIENT

Etymologiquement, le concept d’inconscient désigne ce qui n‘est pas conscient. Dans cet usage général, nous pouvons établir les distinctions suivantes :

– Les faits non-conscients :
Les automatismes neurophysiologiques dont la plupart sont innés, tels que la respiration, les battements du cœur, la digestion.
Les actes réflexes tels que l’accoutumance visuelle le mouvementdes paupières, le réflexe de la tétée chez le nourrisson etc..
Les automatismes sensori-moteurs, innés ou acquis tels que la marche, l’équilibre, les mouvements des bras et des mains, etc.
Ces faits ne présentent pour la réflexion philosophique que peu d’intérêt : ils relèvent du corps et ne sont en rien différents de ceux que nous pouvons observer chez les animaux.

– Les faitspré-conscients
Ce sont les faits qui sont momentanément non conscients, mais susceptibles de devenir conscients. Au premier chef nous pouvons citer le langage, dont les structures ne sont pas conscientes même dans la parole, mais qui sont susceptibles de le devenir quand, par exemple, nous butons sur une difficulté linguistique. On peut citer aussi la mémoire : nos souvenirs ne nous affectent pas tous en mêmetemps et attendent une orientation active de notre attention pour devenir conscients ; sur le même modèle, on pourrait également citer la perception et en particulier « l’étroitesse du champ perceptif » dont parle William James[1]
Ces faits relèvent de l’activité intentionnelle de la conscience et ne constituent donc pas notre sujet ici.

– Les faits inconscients proprement dits
Nous proposonsde restreindre le concept à ces seuls faits. Nous appellerons donc inconscient l’ensemble des perturbations de l’activité consciente ; ces faits échappent à la prévision, au contrôle et volonté du sujet conscient. On citera :
– Les symptômes névrotiques
– Les comportements compulsifs (« T. O. C. »[2])
– Les actes manqués (lapsus, oublis involontaires, pertes ou bris involontairesd’objets)
– Les rêves
– les mécanismes du souvenir et de l’oubli
– L’origine de nos fantasmes

INTRODUCTION : Préhistoire du concept.

Le concept d’inconscient apparaît très tardivement dans la langue[3] : il n’appartient pas à la tradition philosophique sauf, peut-être l’intuition particulière qu’en a Leibniz[4] à l’époque moderne.
Mais si le concept n’apparaîtqu’à la fin du XIXe siècle dans le sens où nous l’entendons, il est bien évident que les faits psychiques qu’il désigne existent depuis l’aube de l’humanité. Cependant ils ont été perçus très différemment au long des siècles. On peut distinguer sommairement trois étapes :

– Les sociétés traditionnelles à dominante mythologique ou religieuse
Dans ces sociétés, les faits inconscientssont pensés comme ayant un sens. Par exemple; le rêve est considéré comme prémonitoire, comme annonçant des événements futurs : on peut citer dans la Bible, le rêve du Pharaon (7 vaches grasses et 7vachez maigres) qu’interprète le prophète Joseph (7 années de prospérité,7 années de disette) ou celui du Pyrrhus, qui, sur le point de lever le siège de Tyr, voit en songe que la ville va se rendre ; ilsursoit à la décision de lever le siège, et le lendemain, la ville se rend. Les actes manqués seront eux-aussi pensés comme des présages, bons ou mauvais. La folie enfin, ou plus largement le dérèglement mental sera tantôt considéré comme un signe des Dieux, tantôt, comme au moyen âge considéré comme un signe de possession démoniaque : nombre de malades ont dû, à cette époque, finir leur vie surun bûcher…

– La modernité
Cette nouvelle période de la culture occidentale est caractérisée par les triomphes de la raisons. Descartes va poser la conscience comme une certitude, comme la seule que nous puissions engendrer de nous-mêmes. Or les faits inconscients sont précisément des démentis de cette conscience. Celle-ci vise l’unité : il n’y a donc pas de place, dans une…