Plaidoyer

J’interviens dans la défense de ma cliente Rosalie Prudent. Je vous remercie Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les Jurés de l’attention que vous y porterez.

Je ne vous remémore pas lesfaits, vous les connaissez. Je voudrais attirer votre attention sur la non préméditation. Pour cela, je vous invite à quitter votre rôle de jurés et vous mettre à la place de ma cliente.

Vous êtesune jeune bonne consciencieuse et respectueuse pour vos maîtres.
Le neveu de vos maîtres, vous trouve à son goût et vous fait une cour assidue. Sans famille et sans personne à qui vous confier, vousvous laissez charmer. Ce neveu, c’est un frère retrouvé, un confident,…
Totalement conquise, vous cédez à ses avances. Vous êtes heureuse, vous le suivriez jusqu’au bout du monde…il part…

Un moisplus tard, vous découvrez que vous êtes enceinte.
Votre décision est prise, vous le gardez.
Vos temps libres sont consacrés à la confection du trousseau, vous prenez des renseignements chez unesage-femme, vous trouvez un autre emploi pour sauvegarder l’honorabilité de vos maîtres.

Psychologiquement, vous êtes prêtes à accueillir et à élever votre enfant.
Votre salaire, n’est pas conséquentmais en vous privant, vous y arriverez.

Le terme est proche, trop proche. Ce n’est pas le moment, vous montez dans votre chambre. Seule, sans aide, dans la souffrance vous perdez la notion detemps. Délivrance, voici votre bébé, vous le déposez sur votre lit. Une douleur à mourir, vous prend dans le bas ventre, vous vous retrouvez couchée, toujours sans aide. Là, toute seule un deuxième enfantsort de vos entrailles. Vous le déposez sur le lit à côté de l’autre. Vous ne comprenez pas, vous avez la tête qui tourne, vous ne savez plus qui vous êtes ni ce que vous faites. Vous êtes face à undilemme Cornélien. Votre cerveau ne raisonne plus, sur un coup de folie vous prenez un oreiller, vous vous coucher sur les bébés.

Maintenant, je vous demande à vous mesdames, qu’auriez-vous fait…