Psychose

Le terme psychose a été introduit au siècle dernier et correspond à l’allemand Psychosis, qui représentait une maladie de l’esprit en général. Il a remplacé le mot vésanie* et est devenu, en psychiatrie, synonyme de folie, d’aliénation mentale.

Curieusement, dans le langage usuel, psychose ne revêt souvent pas la notion de folie. Le terme se dit couramment d’une obsession collective (psychosecollective) ou d’une peur irraisonnée (psychose de la guerre, de l’attentat…). De ces sens communs dérive le verbe récent psychoter ou psycoter, qui signifie « avoir une idée fixe ».

Mais revenons à la définition noble de ce terme. La caractéristique principale des psychoses est, à quelque degré que ce soit, la perte du contact avec le réel et l’altération foncière du lien interhumain(incapacité d’adaptation sociale). Le problème de la distinction entre le Moi (le sujet) et le non-Moi (ce qui n’est pas le sujet) ou entre l’intérieur et l’extérieur se pose dans toute son acuité : c’est le problème des limites du sujet. L’expérience la plus caractéristique est le délire, sous la forme générale d’une croyance personnelle, d’une conviction inébranlable.

Contrairement au névrosé, lepsychotique ignore ses troubles et s’isole du monde extérieur trop frustrant en se créant un univers privilégié, qu’il façonne à sa guise et dans lequel il est tout puissant. Tout le système des rapports du sujet avec lui-même, autrui, les objets, le monde en général est profondément modifié, bouleversé.

Le délire, symptôme prévalent, représente justement une véritable reconstruction de cesrapports du sujet avec son monde intérieur, le monde des objets et des personnes.

II – LE DELIRE

C’est un syndrome*, et on parlera volontiers de syndrome délirant, il est au cœur des psychoses.

Le délire est une reconstruction intellectuelle morbide se développant en dehors de la réalité et s’accompagnent d’une conviction inébranlable ; le sujet adhère à son délire, c’est d’ailleurs cequi frappe l’interlocuteur lorsqu’il est en présence d’un sujet délirant, il peut difficilement remettre en question les propos du patient.
Le délire peut conduire à l’aliénation, à des symptômes comme des convictions et des jugements dogmatiques, à des comportements et des attitudes gouvernées par des croyances irréductibles etc…

Il est important d’analyser les paramètres d’un délire quesont l’organisation ou structure, les mécanismes et les thèmes prévalents.

L’organisation

C’est la façon dont est structuré le délire, dont sont associées les idées et leur cohérence interne. On distingue deux types d’organisation.

Les délires dits systématisés
Ils sont logiques, occupent le plus souvent un seul secteur de la pensée, c’est le cas des psychoses paranoïaques. Ainsi telpatient a la conviction délirante que sa femme le trompe, il va élaborer tout un système de croyance et d’interprétations logiques à partir de sa conviction. En dehors de cette jalousie, il ne présentera pas de troubles délirants.

Les délires dits non systématisés
Ils occupent plus ou moins tous les secteurs de la pensée, on parle de délire « flou ». C’est le cas des psychosesschizophréniques. Le discours du patient manque de cohérence, d’axe thématique, l’association des idées est bizarre etc…

Bien entendu, entre ces deux types d’organisation, toutes les nuances peuvent se voir.

Les mécanismes du délire

C’est la façon dont le délire* va s’exprimer. On distingue ainsi :

L’hallucination, on parlera de délire* hallucinatoire. L’hallucination est une perception sansobjet.
Elle peut être – visuelle (ex. vision d’animaux terrifiants),
– auditive ou acoustico-verbale (ex. on lui profère des menaces à travers les murs et le sujet y répond)
– olfactive (ex. on lui envoie des mauvaises odeurs par les serrures)
– gustative (ex. on veut l’empoisonner car la nourriture n’a plus le même goût)
– cénesthésique, elle concerne les sensations corporelles internes…