Qu’est-ce qu’aimer

Introduction
La diversité d’emplois et de significations du verbe aimer rend difficile sa définition, même lorsqu’on le compare à d’autres réalités. Le thème de l’amour reste un thème vaste parce qu’on ne saurait enfermer le concept « aimer » dans une définition stéréotypée. Ainsi, la question « qu’est-ce qu’aimer ?» nous paraît comme une équation difficile à résoudre parce qu’elle nous ramèneà la question de la fonction de l’amour, de son rôle, de sa manifestation et de sa finalité. Equation difficile à résoudre, parce que l’époque qui est la notre, va quelques fois à l’opposé du vrai sens de l’amour. Néanmoins, les diverses formes à travers lesquelles se manifestent l’amour nous conduisent à nous interroger sur son sens et son importance dans la vie de chaque être humain. Tantôt semanifestant comme une réalité sensible et sensuelle, tantôt comme une réalité spirituelle, tantôt simplement comme un attachement à un objet, à une idée ou à un animal, l’amour devient une réalité qui intéresse plus d’un penseur quand à la réalisation de l’existence humaine dont il est l’acte. Face à ce constat, il nous semble utile de redéfinir la notion de l’amour, à travers les diversesconceptions qui le caractérisent. Considéré comme un besoin vital de la personne humaine, cette question de l’amour nous place devant un paradoxe qui nous conduit à nous poser la question suivante, à la suite de la question initiale, quelle est la finalité de l’amour ?
I- Qu’est-ce qu’aimer
Le verbe aimer peut renvoyer à une grande variété de sentiments, d’états et de comportements, allant d’unplaisir général, lié à un objet ou à une activité : « j’aime danser, j’aime les gâteaux, j’aime mon chien… », à une attirance profonde ou intense pour une ou plusieurs personnes « j’aime Alphonse, j’aime ma famille…». L’amour est une relation qui implique un engagement effectif et personnel à l’égard de l’être aimé. Comme nous pouvons le constater, aimer a un sens très large, parce qu’il ne s’agitpas seulement d’aimer quelqu’un, mais aussi d’aimer quelque chose, d’avoir un penchant pour une idée, une façon de faire ou de vivre. Voilà pourquoi dans ce qui va suivre, nous nous attacherons davantage à parler de l’amour comme sentiment humain.
Dans l’antiquité grecque, le terme amour revêt trois sens différents, conférant chacune une orientation spécifique du sentiment d’amour.
Premièrement,comme l’indique son nom, « l’amour éros », est un amour qui est conçu comme un désir ardent d’être uni à une personne déterminée. Ce genre d’amour n’est accessible qu’au contact de l’autre. Cet amour suppose une certaine affection ayant un support physique, dont le contact se nourrit de présence. Dans l’amour éros, l’affection demeure frustrée en l’absence de contact. Dans le Banquet, l’éroscaractérise la conception platonicienne de la relation à l’ami-amant.
Deuxièmement l’amour « philia » désigne une relation empreinte de réciprocité et d’estime mutuelle. Il arrive que ce terme soit traduit par l’amitié, mais en lui-même, il est aussi un sentiment qui consiste en l’affection manifestée envers autrui et la volonté d’entretenir avec lui des rapports qui se fondent sur une certainemorale. Cet amour est proche de l’amitié, parce qu’elle découle de la volonté. Il s’oppose à l’amour captatif car il exclut la concupiscence. La philia est un amour pour l’autre qui ne manque de rien et s’abrite du désir. Il n’est que joie d’aimer et ouverture de soi au monde.
Le troisième sens que l’on donne à l’amour c’est celui d’ « agapè »qui est l’amour consacré à l’autre, au prochain. C’est unsentiment inconditionnel et désintéressé. Dans la perspective chrétienne de la charité, l’amour s’inscrit dans les valeurs évangéliques de l’amour des hommes , reflet de l’amour de Dieu : c’est l’agapè de saint Paul, charité universelle qui n’espère rien en retour : « l’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne fait…