Reproduction-mecanisee-a-la-base-d-un-art-de-postproduction

L’art actuel HAR3220

Travail présenté à : Marie Fraser

La reproduction mécanisée à la base d’un art de postproduction

par Simon Dor

Université de Montréal Vendredi, 20 avril 2007

1 La reproduction mécanisée à la base d’un art de postproduction Le photomontage L.H.O.O.Q. que Marcel Duchamp propose en 1919 à partir de la Joconde entraîne une relecture de l’œuvre de Léonard de Vinci.Derrière l’aspect ludique et ironique de cette relecture, il pose d’emblée la problématique de la réappropriation, à savoir d’abord si un tel travestissement est acceptable, mais aussi et surtout si ce phénomène peut être appelé légitimement de l’art. Avec le concept des « ready-mades », la notion de l’auteur se place de façon ironique comme étant l’ultime méthode pour définir une œuvre d’art.Cette subversion amène bien évidemment le phénomène inverse, soit la conscience que l’auteur n’est pas nécessairement la condition principale de définition d’une œuvre. Roland Barthes pose un questionnement semblable dans son texte « La mort de l’auteur1 », concluant que l’auteur n’est pas la figure par excellence qui amène à définir une œuvre littéraire. Au-delà de la controverse qu’a pu entraînerl’œuvre de Duchamp, celle-ci n’aurait pu être possible sans une possibilité inhérente à la photographie : la reproduction mécanisée. Walter Benjamin a définit cette reproduction mécanisée comme celle qui se fait de façon relativement automatique, soit les principes qui sont utilisés dans la photographie et le cinéma. Ce principe modifie la perception de l’art, principalement puisqu’il l’amène àune exposition accrue aux dépens de l’importance de son authenticité. Il sera intéressant de parcourir ce nouvel enjeu artistique qui sera à la base d’un phénomène décrit par Nicolas Bourriaud dans un ouvrage qu’il intitule Postproduction2. Il nous sera possible de définir un art utilisant comme principe même l’idée de la reproduction. L’analyse d’œuvres de Douglas Gordon et de Pierre Huyghe nouspermettra d’approfondir la réflexion, tout comme celle de deux films co-réalisés par Mathias Müller et Christoph Girardet. Par contre, le phénomène même de la reproduction entraîne une redéfinition du rôle de l’auteur et du lecteur (ou spectateur), tel qu’expliqué par Barthes. Il nous faudra considérer ultimement que c’est d’inscrire l’art dans un flux de réinterprétations et de significations quiest mise de l’avant dans l’idée de la postproduction.

Roland Barthes, « La mort de l’auteur », dans Le bruissement de la langue. Essais critiques IV, Paris, Seuil, 1984, p.63-69. 2 Nicolas Bourriaud, Postproduction. La culture comme scénario : comment l’art reprogramme le monde contemporain, Dijon, Les Presses du réel, 2003, 93p.

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2 La reproduction comme élément d’un type d’art Benjaminexplique que la reproduction manuelle d’une oeuvre d’art laissera toujours des traces qui la définisse comme fausse. Mais un certain art est légitime par le biais de l’idée de la reproduction. Derrière un procédé de reproduction mécanique, il apporte deux différences fondamentales par rapport aux processus manuels : la copie « s’assure avec plus d’indépendance par rapport à l’original3 » et donneà l’œuvre une visibilité telle qu’elle n’en aurait jamais eue. L’oeuvre n’est plus unique, mais a plutôt une « existence en série4 » qui lui permet au fond une plus grande exposition. Elle est plus accessible aux spectateurs, puisqu’il n’a pas à se déplacer à l’emplacement exact de l’original. Mais on délaisse ainsi sa fonction rituelle, soit une fonction où l’authenticité joue un rôle fondamental.Puisque la copie est moins affichée comme telle, ce qui définissait une œuvre comme authentique – l’écart entre l’original et la copie – tend à disparaître. L’art reproduit de façon mécanique préconise la fonction d’exposition, puisqu’il peut exister en plusieurs exemplaires. La photographie démontre par certains aspects ce changement de fonction. Impressions d’un moment, les clichés sont…