Résumé: « l’influence qui guérit » de tobie nathan

Résumé
L’influence qui guérit
Tobie NATHAN
Paris, Odile Jacob 1994 (350 pages)

Introduction
Tobie Nathan est une des figures de référence de l’approche ethnopsychiatrique, son travail et ses apports ont eu un écho de grande envergure en France mais aussi dans d’autres pays (Italie, Canada,…). Successeur de Georges Devereux, anthropologue et psychanalyste, Nathan est professeur depsychologie clinique et pathologique à l’Université de Paris VIII, et il a dirigé de 2000 à 2003, l’Institut d’Enseignement à Distance (IED).
Il a fondé en 1993 le Centre Georges-Devereux, centre universitaire d’aide psychologique aux familles migrantes, au sein de l’UFR « Psychologie, pratiques cliniques et sociales » de l’Université de Paris VIII – centre qu’il a dirigé de 1993 à 1999.

L’ouvrageintitulé « l’Influence qui guérit », né du questionnement de l’auteur sur la nature de l’action exercée par les thérapeutes sur les patients, une action qui les transforme, et peut être les guérit. C’est le constat de l’échec de la psychiatrie occidentale face à des patients immigrés, essentiellement à la recherche de la construction du sens, qui pousse Tobie Nathan à mener des réflexions sur lesmécanismes sous-jacents à la thérapeutique occidentale. Des approches qui séparent l’objet d’étude, le patient, de tous ce qui constitue sa personne et qui comprend outre sa psyché, son appartenance à une famille, une lignée, un village, un groupe ethnique, mais aussi sa langue et sa culture.

Tobie Nathan dans ce livre mène une analyse systématique qui met en exergue les principaux pointscommuns et les différences les plus prégnantes entre les techniques thérapeutiques occidentales et traditionnelles en partant du postulat que toutes mettent en oeuvre ce qu’il désigne comme une “procédure d’influence”.

Après une introduction, l’ouvrage s’articule autour de trois grandes parties, et finalisé par une conclusion

Première partie : Enquête sur la technique thérapeutique
Cettepartie du livre est consacrée à expliciter les bases d’une psychopathologie fondée sur l’investigation de l’action du thérapeute et non sur la nature du malade. Dans un premier temps, l’auteur, en s’appuyant sur l’exemple d’une thérapeute traditionnelle, identifie les bases du système thérapeutique traditionnel dont la caractéristique la plus saillante est la suprématie de la pratique sur lesthéories.
Nathan distingue dans le système théorique traditionnel trois composantes essentielles :
– La théorie étiologique culturelle partagée par tous les membres d’une communauté qui comprend l’attaque sorcière ou la possession démoniaque
– Le mythe privé du guérisseur une sorte de duplication de la théorie culturelle
– Un dispositif thérapeutique où la parole joue un rôle mineur par rapport àl’action et aux objets concrets : manipulation, substances et sensations.

Le récit du déroulement d’une séance permet de donner l’exemple de l’application et de cette dynamique théorique traditionnelle. L’induction thérapeutique se base essentiellement sur les manipulations qui portent vers une modification du contexte du symptôme et un déplacement du cadre de référence de celui des conceptset des théories à celui des objets. L’action conjointe de tous ses éléments du dispositif permet de déclencher un mécanisme qui provoque la modification psychique.

À partir de ce constat, l’auteur considère que les relations psychothérapiques, la théorie sous-jacente et les techniques qu’elle met en œuvre forment l’instrument de l’observation et ne peuvent en aucun cas permettre d’énoncer desformulations générales sur la nature psychique d’un sujet, tout au plus, l’observation de l’interaction entre trois facteurs : l’observateur, l’instrument d’observation et l’objet lui-même.

Dans le contexte des thérapies traditionnelles où la voyance représente une procédure technique équivalente à la procédure diagnostique, l’auteur identifie des opérateurs thérapeutiques actifs. Le…