Résumé manuel, d’epictète

MANUEL d’EPICTETE

I. — VIE D’EPICTÈTE

Epictète naquit en Phrygie, à Hiéropolis. La bassesse de son origine nous a dérobé la connaissance de son nom véritable. Epictète, en effet, n’est pas le nom propre de ce philosophe, c’est le nom de son état, esclave; car il naquit dans l’esclavage et fut acheté, dans la suite, par l’affranchi de Néron, Epaphrodite. On raconte qu’un jour, ce dernier,maître dur et cruel, s’amusait à torturer la jambe de son esclave, celui-ci l’avertit plusieurs fois qu’il allait la lui briser. Il la brisa, en effet, et Epictète se contenta de lui faire celle remarque : « Je vous avais bien dit que vous me la casseriez. »
Rendu plus tard à la liberté, Epictète vécut assez longtemps, à Rome. Divers témoignages nous apprennent que sa sagesse était si connue que lesgens les plus considérables avaient recours à ses conseils, et que, sans égard pour leur qualité ou leur dignité, il parlait à tous avec beaucoup de liberté et de franchise. Il vivait pauvrement, remplissait avec zèle les devoirs de l’amitié et se montrait fort compatissant pour les malheureux.
Par suite de ledit de Domitien qui chassa de Rome tous les philosophes, Epictète se relira àNicopolis, en Epire, où il continua d’enseigner avec succès. L’enthousiasme qu’il excita fut si grand qu’à sa mort, un de ses admirateurs paya trois mille drachmes, la lampe de terre qui avait éclairé ses veilles.
Epictète n’a rien écrit par lui-même; son disciple, Arrien, nous a conservé son enseignement dans huit discours ou entretiens, qui résument les leçons d’Epictète à Nicopolis.II. — LE MANUEL D’EPICTÈTE.

Le Manuel d’Epictète est un petit livre formé des principales maximes de ce philosophe. Ces maximes ont été extraites, à ce dessein, de ses discours, par son disciple Arrien. Ce recueil est écrit en grec. Dans la penséedu disciple, cet ouvrage devait être comme un poignard aux mains du sage.
Les maximes qui composent ce Manuel ne sont pas présentées dans un ordre suivi. Mais, comme dit Simplicius, « quoiqu’elles soient distinguées par articles, elles composent ensemble un seul et même art, qui est celui de réformer la vie humaine, et elles n’ont qu’un seul et même but, qui est d’exciter l’âme à conserver sadignité, et à ne faire que les actions qui lui sont propres. »
Selon Epictète et les stoïciens, le vrai bien du sage consiste dans la possession de la liberté par la vertu. Mais cette liberté n’est pas le pouvoir de se déterminer; elle consiste à se confondre avec la volonté qui dirige tout, c’est-à-dire à s’identifier avec la nécessité. Rien ne troublera l’ataraxie du sage, s’il ne désire que cequi doit arriver, s’il se soumet d’avance à ce qui se produira nécessairement. « Ne demande point que les choses arrivent comme tu les désires, mais désire qu’elles arrivent comme elles arrivent, et tu prospéreras toujours. » (VIII.) Cette liberté, ou plutôt cette immobilité de l’homme retiré en lui-même, est, en effet, la cause de toutes les jouissances que le sage est en droit d’espérer; ellepeut tirer le bien de tout. « Pour moi, il n’y a que d’heureux présages, si je veux; car, quoi qu’il arrive, il dépend de moi d’en tirer un fort grand bien. » (XVIII).
C’est sur ce principe fondamental que repose toute la doctrine d’Epictète.
La première règle à suivre, c’est de savoir distinguer les choses qui dépendent de nous, et celles qui n’en dépendent pas, afin de ne désirer que ce quidépend de nous, et de ne rien vouloir de ce qui dépend des autres. Epictète nous présente cette distinction dès le début du Manuel, et il y revient sans cesse. « De toutes les choses du monde, les unes dépendent de nous, et les autres n’en dépendent pus. Celles qui en dépendent sont nos opinions, nos mouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions; en un mot, toutes nos actions. Celles qui…