Risque et progrès mythe bts

|LE MYTHE DE L’AGE D’OR |
|….. Quand on étudie les différentes descriptions de l’âge d’or, on constate très vite qu’elles se ressemblent toutes. Cela n’a |
|rien d’étonnant. L’âge d’or correspond à ce que l’homme aurait dû être ou à ce qu’il sera un jour, c’est un âge hors du temps et ||l’on peut dire, sans craindre les lapalissades (1), que les hommes se ressemblent tous, dès l’instant où ils s’imaginent hors du |
|temps, de la matière, du monde présent et contingent (2). La chute de l’homme (3), sa dispersion sur toute la surface de la terre|
|(4), et les milliers de solutions inventées pour survivre traduisent justement, à travers les mythes, des différences et des ||conflits qui n’existaient pas – et ne pouvaient exister – à l’origine. Distincts, différents, voire opposés dans leur vie |
|concrète et quotidienne, les hommes deviennent identiques dans leurs désirs, leur vision d’une existence idyllique et imaginaire |
|puisqu’une telle existence implique, en général, la suppression de toutes les contraintes de la vie terrestre et mortelle. ||….. Là encore, dans l’état actuel de nos connaissances, les Sumériens (5) furent les premiers à imaginer un âge d’or à l’aurore|
|des temps. Cet âge n’a pas encore toutes les perfections que lui prêteront les textes ultérieurs, mais, dans sa simplicité, il |
|nous apparaît aujourd’hui comme l’une des expressions les plus émouvantes de la sensibilité humaine. Ce paradis, en effet, tel ||qu’il est décrit dans un poème intitulé Unmerkar et le seigneur d’Aratta, se réduit à des vœux fort modestes, dont voici |
|l’essentiel: |
|Autrefois, il fut un temps où |
|Iln’y avait pas de serpent, |
|Il n’y avait pas de scorpion, |
|Il n’y avait pas d’hyène, |
|Iln’y avait pas de lion, |
|Il n’y avait pas de chien sauvage ni de loup, |
|Il n’y avait pas de peur ni de terreur : ||L’homme n’avait pas de rival. |
|(S. N. Kramer, L’Histoire commence à Sumer) |
|….. Je crois ces quelques lignes fort instructives car elles nous plongent au cœur des problèmes et des terreurs qui hantaient ||l’homme sumérien : son rêve, son âge d’or, c’est la sécurité. |
|….. A mesure que la civilisation s’étendra, que l’homme augmentera ses chances de survie, sa protection contre les fauves, la |
|domestication des animaux et la préservation de ses récoltes, ses désirs changeront eux aussi de nature, deviendront moins ||élémentaires. Mais il faudra longtemps pour que les rêves humains aient le loisir – ou le luxe – de n’être qu’immatériels. |
|Pendant longtemps, pendant les longs siècles de l’histoire de Sumer et d’Akkad (6), l’âge d’or restera surtout un rêve matériel, |
|celui d’un temps où l’homme vivait sans peur, sans faim, dans la sécurité, l’abondance, le repos et la paix. Ce sont les quatre |
|états…