Science et pouvoir
Protéger les savants pour mieux tirer profit de leurs lumières : « Sciences et curiosités à la cour de Versailles ».
En fondant l’Académie des sciences en 1666, Louis XIV passe « un nouveau contratentre le pouvoir et les savants » , une véritable révolution pour Catherine Arminjon, commissaire de l’exposition et auteur de Versailles et les sciences (Gallimard, « Découvertes »). Dorénavant, lepouvoir entend rassembler des savants, leur donner les moyens financiers et matériels de conduire leurs recherches, tirer les enseignements pratiques de leurs découvertes.
Du temps des rois, lascience encore balbutiante est souvent soeur du spectacle. Et quels spectacles extraordinaires la cour de France offre-t-elle à ses invités ! Observation de l’éclipse totale de Soleil montrée par Cassiniau jeune Louis XV en 1724, expérience de décharge électrique enchaînée dans la galerie des Glaces en 1746, premier envol d’une montgolfière en 1783 dans le parc du château… jusqu’aux fumeusesexpériences du médecin viennois Mesmer, qui dans les années 1780 prétendait guérir des maladies restées sans remède (paralysie, cécité…) par les vertus du magnétisme.
On a trop souvent ironisé sur le goûtde Louis XVI pour la serrurerie. C’est oublier que ce roi en eut aussi pour la science, et notamment pour la géographie, lisant les cartes marines, se passionnant pour l’expédition de Cook, organisantcelle de Lapérouse… Le roi possédait aussi une galerie de physique, un cabinet de chimie, un cabinet d’artillerie. La qualité de sa formation par l’abbé Nollet, qui avait aussi instruit son père leDauphin, n’eut rien à envier à celle de son cousin Louis-Philippe d’Orléans, qui eut pour préceptrice Mme de Genlis.
Chaque Enfant de France, depuis le Grand Dauphin, un siècle plus tôt, se devaiten effet de recevoir une éducation scientifique poussée. L’exposition rend compte de cette formation à travers de nombreux et précieux objets : Planetarium et Eclipsarion d’Ole Römer et Isaac Thuret…