Tertiarisation

Introduction

Adam Smith introduit une distinction entre travail productif celui de l’ouvrier de manufacture qui ajoute à la valeur de la matière sur laquelle il travaille et les activités de services jugées improductives parce que selon les termes de Smith, les services périssent à l’instant même où ils sont rendus et ne laissent après eux aucune trace ou aucune valeur. La tangibilité duproduit est chez lui associée non sans contradiction à l’idée de production de richesses. Encore faut-il noter que les services tels que Smith en dresse la liste ne correspondent pas à l’ensemble de ce que l’on désigne aujourd’hui par ce terme. Il s’agit pour lui essentiellement des domestiques, des agents de l’Etat, des militaires et des artistes. Le commerce par exemple n’est pas visé. L’analyse entermes de secteur d’activité est due à A .G. Fischer : « nous diviserons pour plus de commodité, les activités économiques en trois catégories, que nous désignerons sous les noms de production primaire, secondaire, et tertiaire. La première comprend le travail agricole et minier qui a pour objet direct, la production des aliments et des diverses matières premières ; la seconde, les industries detransformation sous toutes leurs formes et la troisième, le restant, un vaste ensemble d’activités consacrées à la fourniture de « services », allant des transports au commerce, en passant par les loisirs, l’instruction et les plus hautes formes de la création artistique et de la philosophie ».

Colin Clark est le premier à avoir rendu opératoires les notions de secteur primaire, secteursecondaire et secteur tertiaire dans un ouvrage intitulé « les conditions du progrès économique ». Il opère un groupement fondamental des activités économiques de production en trois catégories :le secteur primaire : agriculture et industries extractives ; le secteur secondaire : industries manufacturières ; le secteur tertiaire :services et commerce
Cette formulation a été complétée par J.Fourastié parune définition dont l’objectif était de suggérer des critères d’homogénéité du secteur tertiaire : une part croissante de l’emploi, une relative insensibilité aux crises économiques et surtout un progrès technique faible

Jean Gadrey1 note qu’on s’accorde aujourd’hui à identifier quatre « continents » sur cette « planète tertiaire » : Il s’agit d’une part du commerce (ou distribution)sous toutes ses formes (gros et détail). Le second « continent » est celui des transports et des télécommunications. Ensuite, l’auteur mentionne les services marchands aux ménages (hôtels, cafés et restaurants, réparations de toutes sortes, cliniques et médecine libérale, services culturels et de loisirs, etc…) et aux entreprises (conseil, publicité, gardiennage…). Enfin, on trouve les servicesnon marchands (ceux des administrations publiques, des collectivités locales, incluant l’enseignement et la santé publique).
Il faudra attendre les travaux convergents d’Allan Fisher, Colin Clark et Jean fourastié en 1949 pour que l’attention se porte à nouveau non pas sur le caractère productif ou improductif des services mais sur leurs caractèristiques économiques propres et sur leurs facteursexplicatifs de leur developpement. Les « trentes glorieuses » période d’expansion économique sans précédent allaient assurer selon les termes de Jean Fourastié, le triomphe du tertiaire au moins en termes d’emploi dans des conditions où pratiquement personne ne songeait à qualifier les services d’improductifs. La crise du début des années 70, le ralentissement général de la croissance qui a suiviet qui s’est prolongé au cours des années 80 allaient remettre à l’ordre du jour la vieille opposition smithienne entre travail productif (aboutissant à des marchandises tangibles) et travail improductif (activités de services). Les arguments ne sont toutefois plus les mêmes. Ils ne reposent plus sur une théorie de la valeur. Ils s’appuient plutôt sur une absence supposée de gains de productivité…