Vittore carpaccio

Vision de saint Augustin, (Venise, Scuola de San Giorgio degli Schiavoni). La pièce dans laquelle a lieu l’annonce miraculeuse reproduit de manière idéale le bureau d’un humaniste cultivé et raffinéde l’époque, passionné de lecture, astronomie, de sculpture et de musique ; intérieur spacieux, mobilier raffiné et innombrables pièces de qualité, placées bien en vue sur l’écritoire, sur le banc,sur la large estrade située dessous, sur les étagères le long des murs. Sous la lumière impitoyable qui pénètre avec violence par les fenêtres, chaque détail acquiert une pureté incroyable : lesreliures des volumes, les feuillets enluminés des missels et les pages des textes de musique ; les brillants clous qui fixent l’étoffe verte de l’écritoire ; les petites sculptures Renaissance et le bronzedoré qui se trouve sur l’autel ; les astrolabes et la grande sphère armillaire ; le petit bichon dressé sur ses pattes de derrière et qui coupe le rayon lumineux…. La célèbre vision de SaintAugustin, toile immense (141 x 211 cm) peinte entre 1502 et 1504).
Tableau d’une beauté et d’une intensité à couper le souffle, dense et mystérieuse. La pièce est immense, vide bien que pleine. Pleined’objets (et peints de quelle manière !), pleine de la lumière qui entre par la fenêtre de droite et qui laisse des ombres partout, pleine de silence et de révélation, d’écriture(s) aussi.
Saint Augustinest en train d’écrire la vie de Saint Jérôme dont il entend alors la voix et qui lui annonce la mort proche et la promesse du Paradis. Et l’incroyable, c’est qu’au point fort de cet espace, (le sujetdu tableau est dehors) il y a un petit chien qui regarde.
Quoi ? L’homme qui écrit et qui écoute ?
C’est un bichon maltais. Il s’est placé dans le rai de lumière.
Que dit ce chien ? Que nousfait-il penser ?
Il nous oblige à prendre du recul face à la scène et à l’évènement (la voix que l’on n’entend pas et qui pénètre avec la lumière).
Une fois qu’on l’a repéré, on ne voit plus que lui…