Voyages au bout de la nuit, la misère parisienne (fin de la page 265 début de la page 268)
Louis Ferdinand Céline, l’un des plus grand romancier du XX ème siècle mais aussi l’un des plus polémique, écrit son œuvre la plus célèbre, Voyage Au bout de la Nuit, dans l’entre deux guerres. Dans son roman, Céline nous confronte aux sujets principaux de l’époque, qu’il s’agisse de la première guerre mondiale, du colonialisme, de l’industrialisation des États-Unis ou de la misère de la banlieueparisienne. Le passage étudié traite du dernier thème. Le héros principal, Bardamu, exerce son métier de médecin dans un des quartiers les plus appauvris de Paris. De part ses visites médicales, Bardamu sera très vite heurté à la dure réalité parisienne. Cependant, dans ce passage, nôtre héros découvrira qu’il ne lui est pas nécessaire de quitter son domicile pour être confronté à la bassesse età l’indigence humaine. Nous pouvons alors nous demander comment Céline s’y prend-il pour dévoiler cette misère parisienne. Dans un premier temps, nous nous attarderons sur les éléments qui font de la scène une horreur, puis nous nous pencherons sur les personnages et leur comportement, avant d’examiner la présence de Céline dans son texte.
Dans ce passage, la scène familiale qu’entend Bardamuest tout simplement atroce. Cependant, plusieurs facteurs contribuent à la rendre plus horrible et pathétique.
Tout d’abord, le fait que Bardamu ai reporté toute son attention sur les échos qui émanent de la «séance ménagère […] de la maison d’à coté » plutôt que sur d’autres parmi ceux des « cents ivrognes mâles et femelles qui peuplent ces briques » est significatif ; ces cris devaient être lesplus imprégnés de douleur ce jour-ci.
Au fil du texte, il est indiqué que cette séance familiale est à caractère répétitif. Il est en effet mentionner que des cris « viennent chuter, craquer, rebondir […] après les déjeuners du Samedi surtout », une « prochaine fois » est également évoquée, ce qui nous amène à conclure que les moments comme celui-ci sont réguliers, que la misère et le désespoirne quittent pas ces familles. Outre la fréquence de ces scènes, le fait que ces dernières se passent dans plusieurs foyers (il est en effet question « d’appels de vingts maison en pourtour ») ajoute une touche de pathétique car on se rend alors compte que la misère est omniprésente dans cette banlieue parisienne.
De plus, le passage est plongé dans une atmosphère obscure, par l’utilisationrépétée du mot «ombre». L’ambiance devient pesante et tendue, et la peur vient s’ajouter aux traits atroces du passage. De ce fait, le lecteur à l’impression d’être au cœur de la scène.
Pour finir, l’insistance sur des détails insignifiants, tels que la disposition des cabinets, la qualité du vin ou encore l’endroit préféré des parents pour avoir un rapport sexuel tend à faire ressortir l’abominationdu passage.
Néanmoins, le plus atroce et pathétique de cette scène vient des personnages, et de leur comportement. Avec un champs lexical de l’alcool (« ivrognes », « des verres pleins le nez », «troisième verre de vin »), il est clairement sous entendu que les familles noient leurs désespoir dans la boisson. Cependant, ce moyen ne suffit pas à ces familles pour évacuer leur souffrance ; pourse vider de tous mal elles ont besoin de faire souffrir les autres, les plus faibles. En effet, il est indiqué que « rien ne stimule les femmes éméchées comme la douleur des bêtes ». On peut d’ailleurs observer un décalage entre la « faute » commise par l’animal de compagnie et sa punition, se qui renforce l’idée que l’ont fait souffrir les autres par pur plaisir. Un champs lexical de lajouissance est même utilisé, avec des expressions tels que « ça les excitaient bien » « tout excité » et « tout heureux ».
Dans le foyer où se déroule l’action, il n’y a pas d’animal de compagnie, c’est la petite fille qui le remplace. Elle est tout d’abord désignée par des noms de bêtes (« souris », « petite vache », « petite charogne »), mais aussi traitée comme telle, « elle prenait quelque chose…