Danse contemporaine et public

DANSE CONTEMPORAINE
Public et danse, une histoire de (des)amour

La danse contemporaine est née en réaction de la danse classique trop contraignante, trop lisse. Elle s’est formée autour d’une volonté d’expression personnelle à travers le médium chorégraphique. Toutes les règles de fond et de forme de la danse classique sont abolies pour laisser place à une matière chorégraphique totalementvierge et neuve. Sujets d’actualité, vie quotidienne elle entend se baser sur le réel et cesser la sanctification et l’idéalisation du corps véhiculé par la danse classique. Ils ont pour volonté de trouver un nouveau langage, différent de la « langue morte » sans émotion et sans passion qu’est selon eux la danse classique. Ce nouveau type de danse entend « vivre inténsement ce qu’il y a de plussignifiant dans les angoisses et les problèmes contemporains »1 Depuis ses début ce type de danse peine à rassembler un large public, déroutante voire malaisante, elle choque, déconcerte. Les raisons de ce désamour peuvent se baser sur plusieurs paradoxes :
La liberté totale des chorégraphes et danseurs qui peut ressembler à un enfermement dans le  » toujours plus « ,
La teneur élitiste de cet artqui se voudrait démocratique,
La dimension collective de la danse qui peine à s’exprimer dans les revendications individualistes des publics, danseurs et chorégraphes.

LIBERER LE CORPS ET LES FORMES, S’ENFERMER DANS LA REBELION

« Les questions ne s’arrêtent jamais, pas plus que la recherche. Il y a là quelque chose d’infini. Si je regarde notre travail, j’ai l’impression d’avoir à peinecommencé. » Pina Baush

La danse classique se cristallise autour de la recherche du geste et du corps parfait. Les positions fondamentales sont l » Les corps sont contraints (usages des pointes, du tutu poids extrêmement surveillé), la gestuelle imposée par un code stylistique et les thèmes inspirés de grandes histoires épiques. Une des premières à rompre avec cette conception de la danse estIsadora DUNCAN (1877-1927). Pas encore contemporaine, sa vision du geste est plutôt romantique. Elle veut libérer le corps, elle commence pieds nus voire complètement nue et tente de chercher de nouveaux langages stylistiques proches de ses sentiments. Elle veut se rapprocher du sensible et pouvoir s’exprimer de façon plus intime à travers la danse. La technique apparaît comme elle même unecontrainte. Le geste juste doit apparaître en dehors de la technique.
Et la maxime selon laquelle  » l’intensité du sentiment commande l’intensité du geste  » est restée comme une valeur phare dans la danse contemporaine. Le sensible avant tout. Avant la beauté, avant l’harmonie. A l’ère du contemporain la danse est devenue une recherche permanente de nouvelles formes, elle en a fini avec l’application denormes préétablies .
Cependant, la volonté manifeste d’exploser complètement les carcans stylistiques est venue plus tard. Et ce n’est pas seulement les gestes que l’on transforme mais aussi les thèmes, les lieux de représentation (A priori la danse contemporaine peut avoir lieu partout) et aussi et surtout les modes d’enseignement. Le danseur n’est plus une pâte à modeler mais un artiste quipense et s’exprime. D’où notamment l’utilisation de l’improvisation pendant l’enseignement mais aussi -même si plus rarement- sur scène.
Cela aboutissant à une « coproduction » de l’œuvre du (des) danseurs et du (des) choréphraphes. Les corps de la danse contemporaine, même s’ils restent dans l’ensemble astreints à une norme de minceurs, sont plus divers .On veut attaquer les modèles de corps imposéspar la société; On ne veut plus seulement faire du corps une matière céleste et idéale mais souligner ses fragilités, ses imperfections, sa finitude. Cette volonté de distordre les images du corps va de pair avec le statut précaire qu’il éprouve dans la société, malade, opéré, transformé, virtualisé . Le corps nu qu’entend montrer Isodora Duncan est un corps libéré des contraintes sociales et…