L’art, désir et volonté
L’art, désir et volonté
Art, désir et volonté : on distingue dans le sujet deux pôles importants. D’un côté l’art, en tant que domaine et de l’autre une dichotomie classique en philosophie, désir et volonté. Il s’agit donc ici non pas tant de s’interroger sur ce qu’est l’art que sur l’interaction qu’il entretient avec les deux notions : désir et volonté. Il faut cependant désigner ce qu’enart on entend confronter au désir et à la volonté. Les œuvres d’art peuvent être considérées, à bien des égards (et si l’on suit la philosophie analytique) comme le cœur de l’art, cependant il est impossible de parler de désir ou de volonté de l’œuvre à moins de céder à un quelconque discours mystico-romantique sur l’art. Il faut donc considérer, très simplement, que désir et volonté relèvent dusujet. En effet, le désir est cette partie non rationnelle de l’âme, qu’on a parfois appelé l’autre de la raison ; la volonté est la forme délibérée et rationnelle de la faculté par laquelle l’homme se décide à agir. De quels sujets est-il question en art ? De manière schématique mais synthétique on peut désigner deux groupes principaux : les artistes et les récepteurs (lecteurs, spectateurs,auditeurs, occasionnels, amateurs ou professionnels). Il s’agit donc pour nous d’examiner le désir et la volonté en rapport avec l’art en gardant à l’esprit cette distinction entre artistes et récepteurs.
On a dit précédemment que désir et volonté relevaient d’une dichotomie liée au sujet et à l’action, il convient donc de s’interroger sur la part de chacun dans les deux actes du monde de l’art quesont la création et la réception.
? Dans un premier temps on va voir que le désir est source de la création et du premier geste vers l’art (pour le récepteur)
? Dans un second temps on verra que le désir seul ne fait pas vivre l’art, que la volonté doit nécessairement s’y associer, pour concrétiser l’œuvre (pour l’artiste) et pour apprécier l’œuvre (pour le récepteur)
? Dans untroisième temps on verra les limites que l’interprétation de l’œuvre présente aux deux notions de désir et de volonté, en ce qu’elles sont très nettement relativisées.
I. L’art comme acte non-nécessaire : l’art naît du désir
A. Le désir éternellement insatisfait de l’Art :
« La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire. L’homme est unecréation du désir, non pas une création du besoin. » Bachelard, Psychanalyse du feu, II. D’après cette citation de Bachelard on peut tenter d’aborder l’art comme un enfant du désir. En effet, Platon compare le désir au tonneau des Danaïdes (Gorgias) : le désir n’est jamais satisfait, il procure joie quand il rencontre l’objet désiré, mais aussi souffrance dans l’attente. D’une certaine manière cettedescription correspond au monde de l’art : l’artiste crée, mais il ne s’arrête pas quand il a finit. Son travail est et n’est pas un travail en ce sens qu’il n’y est pas obligé, si ce n’est pas son désir. Le désir pousse l’artiste à créer, toujours. De la même manière le récepteur continue à apprécier l’art, personne ne lit un livre par désir puis plus jamais. On lit plusieurs livres, on voitplusieurs films.
B. Le désir comme force de l’imagination :
Baudelaire célèbre ce thème de la force de l’imagination par le motif de l’alchimie dans Le Fleurs du mal. L’artiste est celui qui crée par la force de l’imagination, or, comme le rappelle Paul Ricœur dans sa Philosophie de la volonté, I : « Le plaisir imaginé s’appelle désir ». Dans Les conséquences de l’amour, film de Paolo Sorrentino,Titta Di Girolamo, le personnage principal dit qu’il n’a pas beaucoup d’imagination, et ceci s’explique très bien puisqu’il vit depuis 8 ans dans un hôtel, enfermé, il n’a plus de désirs. Son imagination se voit délivrer par le retour de l’amour, et donc du désir (en son sens sexuel entre autres) dans sa vie.
C. Le désir créateur (Spinoza/Deleuze) :
Selon Spinoza (dans Éthique, livre…