La politique et les jeunes

L’EXPERIENCE POLITIQUE DES JEUNES

Le rapport des jeunes à la politique a évolué durant les vingt dernières années. Cependant, on considère encore trop souvent que les jeunes ne s’intéressent pas (ou peu) à la politique. Cela est en partie faux et quand cela se vérifie, il semble intéressant d’analyser les raisons de ce désintérêt. C’est ce qu’a tenté de réaliser Anne Muxel dans son ouvrageL’expérience politique des jeunes. Son analyse est très pertinente, basée sur des constatations et des chiffres récents, des comparaisons judicieuses avec la jeunesse des années quarante dernières années, faite objectivement et sans a priori politique. Elle a choisi de structurer son ouvrage de la façon suivante : tout d’abord, elle présente quatre portraits de jeunes gens réalisés en deux fois àplusieurs années d’intervalle et qui présentent l’évolution de la pensée politique de ces individus qui approchent tous la trentaine d’années. Puis, elle tente de délimiter ce qui ressort de l’héritage que les jeunes peuvent recevoir de leur entourage et ce qui ressort de leur expérimentation personnelle en matière de pensée politique. Ensuite, elle développe successivement ces deux thèmes à l’aidenotamment de tableaux issus de sondages et d’enquêtes réalisés auprès des jeunes. Enfin, elle termine en analysant l’influence du contexte politique et des modèles qui peuvent influencer et aider à former l’opinion politique des jeunes individus. A travers l’étude du raisonnement d’Anne Muxel, nous tenterons de d’analyser l’évolution des facteurs déterminants dans la formation de l’opinion politiquedes jeunes. D’une manière générale, nous entendrons par « jeunes » les individus en âge de voter, qui ont entre 18 et 25 ans à peu près, qu’ils soient étudiants, chômeurs ou salariés. Nous n’exclurons aucun aucune catégorie d’individus. L’auteur invite à réfléchir sur l’«expérience » politique des jeunes. Nous envisagerons donc dans un premier temps l’expérience tirée dans les repères préexistantsnotamment la famille (I) puis l’expérience proprement dite, plus individuelle, celle qui émane du contexte politique et du quotidien des individus (II).

I – L’expérience politique tirée des repères préexistants.
C’est l’expérience que le jeune individu va acquérir par l’héritage qu’il va recevoir dans sa famille (B) mais aussi dans la société qui l’entoure et qui aura une influence différentesuivant l’époque et sa condition (A).

A- L’influence du milieu social. 1- Le brouillage des repères politiques.
– Contrairement aux décennies précédentes, la différenciation politique n’est plus aussi aisée qu’avant. Ainsi, gauche et droite se démarquent moins qu’avant sur un certain nombre de thèmes. De même on ne trouve plus aujourd’hui l’affrontement « Est-Ouest » qui existait avant que lebloc soviétique ne s’effondre, entre celui-ci et le modèle capitaliste américain. – Depuis de Gaulle, aucun homme politique n’a, en France, eu un charisme permettant rapidement un ralliement ou une désapprobation à ses idées. – On assiste aussi, depuis plusieurs années à des divisions internes au sein des partis politiques qui leur sont très dommageables puisque aujourd’hui, il n’existe presqueplus de parti communiste et le parti socialiste est plus que divisé. Cela plonge les électeurs dans l’interrogation et les jeunes définissent moins facilement l’idéologie véritable de ces partis

et peuvent difficilement s’y reconnaître complètement.

2- Les conséquences de ce brouillage.
– Le jeune peuvent moins facilement s’identifier à une idéologie, à un parti politique. Il faut qu’ils’intéresse de près à la politique pour s’identifier véritablement à un groupe. – Du coup, les jeunes votent moins qu’auparavant et plus tard. Les chiffres montrent que l’électorat jeune est de plus en plus réduit, comme le montrent les dernières élections citées par l’auteur (notamment les législatives de 1998) et cette tendance s’est confirmée aux élections de 2002 pourtant censées être les…