Les fleurs du mal
Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en avril 1839 pour une vétille[5], Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Il est reçu in extremis auBaccalauréat qu’il passe au lycée Saint-Louis en fin d’année. Son beau-père jugeant la vie de son beau-fils « scandaleuse », décide de l’envoyer en voyage vers les Indes, périple qui prend fin auxMascareignes (Maurice et La Réunion) en 1841.
De retour à Paris, il s’éprend de Jeanne Duval, jeune mulâtresse, avec laquelle il connaîtra les charmes et les amertumes de la passion. Dandy endetté, ilest placé sous tutelle judiciaire, et connaît, dès 1842, une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d’art et journaliste, il défend en Delacroix lereprésentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac lorsque l’auteur de La Comédie humaine est sottement attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres[6] ou pour sa perversité présumée[7]. Grâceà son ami Louis Ménard, Baudelaire découvre en 1843 les « paradis artificiels » dans le grenier de l’appartement familial des Ménard : il y goûte la confiture verte. Même s’il contracte la colique àcette occasion, cette expérience semble lui décupler sa créativité (il fait son autoportrait en pied, très démesuré), aussi va-t-il renouveler cette expérience occasionnellement sous contrôle médical enparticipant aux réunions du « club des Haschischins ». En revanche, sa pratique de l’opium est plus longue : il fait d’abord un usage thérapeutique du laudanum[8] dès 1847, prescrit pour combattre sesmaux de tête et comme analgésique (suite aux douleurs intestinales consécutives à une syphilis, probablement contractée durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette vers 1840). Comme DeQuincey avant lui, l’accoutumance le fait augmenter progressivement les doses. Croyant y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements et tortures[9].
En 1848, il participe aux…