Bergerac

Cyrano de Bergerac (Rostand)
Cyrano de Bergerac est la plus célèbre pièce de théâtre d’Edmond Rostand, qui s’est inspiré librement d’un personnage réel, Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655), et l’une des plus célèbres pièces du théâtre français. Elle a été écrite en 1897 et jouée pour la première fois le 27 décembre de la même année au Théâtre de la Porte Saint-Martin. La pièce estdifficile à jouer : elle fait intervenir un grand nombre de personnages, elle est longue, le rôle titre est particulièrement imposant (plus de 1600 vers), les décors sont très différents d’un acte à l’autre et elle comporte une scène de bataille. Le succès de la pièce était si peu assuré qu’Edmond Rostand lui-même, redoutant un échec, se confondit en excuses auprès de l’acteur Coquelin le jour de lapremière pour l’avoir « entraîné dans une pareille aventure ». La suite des évènements démentit le jugement a priori de l’auteur : ce fut un triomphe sans pareil ; non seulement les applaudissements furent copieux – vingt minutes ininterrompues –, mais un ministre vint dans la loge épingler sa propre Légion d’honneur sur la poitrine de l’auteur en expliquant : « Je me permets de prendre un peud’avance. » Rostand la reçut en effet peu après.
Le succès de Cyrano de Bergerac fut mondial. Il est devenu aujourd’hui un archétype humain au même titre qu’Hamlet ou Don Quichotte (à l’évocation duquel il tire d’ailleurs son chapeau dans la pièce). Une statue du personnage de fiction a même été érigée sur une des places de la ville de Bergerac).
Genèse [modifier=edit§ion=1)]Contexte historique [modifier=edit§ion=2)]
La pièce est écrite entre 1896 et 1897. Politiquement, le contexte est plutôt à la morosité : la France est sous le coup de la défaite de 1870, l’affaire Dreyfus débute, un attentat anarchiste coûte la vie au président Sadi Carnot), la République sort à peine de sa tentation boulangiste, de nombreux scandales éclaboussent les hommes politiques.Nombreux sont les analystes qui voient dans ce contexte une des raisons de l’engouement du public, avide d’idéal, pour cette pièce[1]),[2]),[3]),[4]).
L’actualité théâtrale favorise les pièces de boulevard et les vaudevilles (Courteline, Feydeau). Le naturalisme) et le réalisme sont à l’honneur avec la parution de pièces étrangères (Strindberg, Ibsen). Drame historique écrit en vers, la pièce deRostand se présente au public comme une bouffée de romantisme et fait dire à Sarcey dans Le Temps) du 3 janvier 1898, « Nous allons enfin pouvoir être débarrassés et des brouillards scandinaves et des études psychologiques trop minutieuses et des brutalités du drame réaliste. »[5]).
Création et sources [modifier&action=edit§ion=3)]
L’intérêt d’Edmond Rostand pour la période de Louis XIIIdate de ses études sous la direction de René Doumic [6]). D’après sa femme Rosemonde Gérard, il était fasciné depuis longtemps par le personnage historique de Savinien Cyrano de Bergerac mais l’idée lui vient d’en faire un personnage de théâtre lorsqu’il l’associe à un épisode de sa propre vie où pour aider un ami à séduire une jeune snob, il l’aide à trouver les phrases susceptibles de produirel’effet voulu[7]). Il connaissait parfaitement l’œuvre de Cyrano et avait lu ses biographes[8]) mais il a su s’en détacher pour créer un personnage héroïque et consensuel[9]). La difformité du personnage lui est inspirée d’une part par l’œuvre de Théophile Gautier, Les grotesques, qui, fasciné par la grosseur du nez de Cyrano, observée sur un tableau, contribuera à créer cette légende, d’autrepart par un maitre d’étude, surnommé Pif-Luisant auquel il consacre d’ailleurs le poème VIII des Musardises[10]).
Edmond Rostand a 29 ans lorsque, entre plusieurs crises de dépression[11]), il entreprend l’écriture de sa pièce. Il en présente les grandes lignes à l’acteur alors en vogue Constant Coquelin, qui est enthousiasmé par l’œuvre[7]) et qui participe à sa création[12]). Edmond Rostand…