Aculturation

Cet article est disponible en ligne à l’adresse : http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=ETHN&ID_NUMPUBLIE=ETHN_024&ID_ARTICLE=ETHN_024_0663

La Réunion : acculturation, créolisation et réinventions culturelles par Christian GHASARIAN
| Presses Universitaires de France | Ethnologie française 2002/2 – Tome XXXVII
ISSN 0046-2616 | ISBN 2-13-052526-1 | pages 663 à 676

Pour citer cetarticle : — Ghasarian C., La Réunion : acculturation, créolisation et réinventions culturelles, Ethnologie française 2002/2, Tome XXXVII, p. 663-676.

Distribution électronique Cairn pour les Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n’est autorisée que dans leslimites des conditions générales d’utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il estprécisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

La Réunion : acculturation, créolisation et réinventions culturelles
Christian Ghasarian Institut d’ethnologie, Neuchâtel

RÉSUMÉ
Au-delà de l’idée d’assimilation des modèles français, tout comme de celle d’un métissage créateur d’innovation, ce texte analyse des processus en tension continuelle les uns avec lesautres depuis toujours à la Réunion : acculturation, créolisation et réinventions culturelles. En reformulation constante, la spécificité de la société réunionnaise nécessite de repenser l’usage des concepts et catégories classiques de l’anthropologie. Mots-clefs : Réunion. Créolisation. Acculturation. Christian Ghasarian Institut d’ethnologie de Neuchâtel 4, rue Saint-Nicolas 2000 Neuchâtel [email protected]

Dès l’origine de sa constitution, la société réunionnaise a connu plusieurs dynamiques culturelles reliées entre elles. Les différentes composantes de la population ont été sujettes, à des degrés divers, à des processus juxtaposés d’assimilation, de métissage et de reformulations culturelles. Ces processus, toujours actuels, mettent en jeu la question du pouvoir, de sesmodes d’expression, de ses contestations et de ses manipulations. La relation complexe entre la société réunionnaise et la France métropolitaine produit des attitudes et des mouvements originaux, mais aussi prévisibles, faisant de la Réunion un laboratoire et un témoin du monde contemporain. Je me propose dans cet essai de revenir sur les principaux enjeux culturels et politiques dans l’île et danssa relation avec la métropole. Sur la base d’un terrain de huit années dans l’île (les séjours s’étalant de 1982 à 2001), pendant lequel mes recherches sont passées de l’étude des situations sociales dans un village des hauts de l’île à des investigations plus détaillées sur le système de représentation et de pratiques des originaires de l’Inde du sud, ce texte offre des réflexions plus généralessur la société réunionnaise. Il se présente en trois parties qui correspondent à mon sens aux trois grandes forces conjointes, en relation et en tension constante les unes avec les autres, qui ont toujours été et restent à œuvre dans l’île : acculturation, créolisation et réinventions culturelles. Si l’acculturation suppose la mise en présence d’au moins deux systèmes
Ethnologie française, XXXII,2002, 4, p. 663-676

et modèles culturels dont l’un s’impose à l’autre, la créolisation suggère au contraire un mélange de modèles culturels aboutissant à un compromis de ceux-ci dans une nouvelle forme plus ou moins syncrétique. La réinvention culturelle manipule quant à elle les modèles imposés et ceux nés du contact forcé pour produire, souvent explicitement, de nouvelles significations…