Barbara

Barbara (Prévert) I – Barbara est un poème du souvenir; le poète, lors d’une promenade à Brest sous la pluie, se souvient d’une autre pluie. Du reste, le poème commence par un appel au souvenir : »rappelletoi, Barbara »; ce vers injonctif, répété tel quel (vers 6, 11, 29), puis sous une forme augmentée (vers 23), raccourcie (vers 14 et 15), traduite (vers 16), participe de la structure anaphoriquedu texte. Cette formule précise les protagonistes en présence : le poète (je) et la femme, Barbara (tu). Cet appel au souvenir est particulièrement insistant par sa forme, brute et non détournée(impératif), par sa répétition qui révèle le caractère obsessionnel du désir du poète. Ce désir de faire revenir à la surface du présent un souvenir est souligné par l’application que l’auteur met dans laprécision qu’il apporte au vers 16 « n’oublie pas ». La reconstruction du souvenir passe par le pouvoir des mots; « rappelle-toi, Barbara » apparaît comme une formule magique, indispensable pour entrerdans le passé, comme si les mots avaient un pouvoir de concrétisation, d’où la nécessité des répétitions. On peut remarquer l’ordre dans lequel se recompose le souvenir. Le premier élément donné est lapluie, c’est cette pluie qui a déclenché la réminiscence chez le poète, c’est donc elle qui doit éveiller le souvenir chez Barbara, même si cette femme n’est pas là, qu’elle est purement imaginée, lepoète joue le jeu de l’appel au passé et s’applique à en construire le cadre si bien que la femme puis l’homme, puis la scène de rencontre s’y dessinent tout naturellement. Le poème est une sorted’instantané, un moment fixé avant la destruction, avant la rupture. II – Le désir du poète est en effet de replonger dans l’instant heureux, celui qui précède la rupture. A l’image de la ville évoquée,le poème se divise en deux parties, un avant, un après. L’étude de la structure du texte à travers les temps verbaux met en évidence ces deux parties. Dans la première partie, les temps utilisés…