C’est ici même et de notre vivant que les procès se gagnent ou se perdent

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M aroc

L’ A C T U

Le peuple arabe bouillonne et tout le monde se pose la même question : ET NOUS ?

Maroc tremble
UN DOSSIER DE LA RÉDACTION

Pourquoi le

• Les prérogatives du roi • La menace islamiste • Le silence des élites • La précarité sociale • La corruption, la hogra… Les 10 points chauds qui “stressent” tout le royaume
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TELQUEL 5 AU 11 FÉVRIER 2011TELQUEL 5 AU 11 FÉVRIER 2011

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MAROC

POURQUOI LE MAROC TREMBLE

D

Un pouvoir absolu du roi
Mohammed VI plaide pour une “monarchie agissante et citoyenne”.

ix ans après l’accession au trône de Mohammed VI, l’article 19 de la Constitution fait toujours débat. “C’est devenu une sorte de label, une abréviation qui cristallise les revendications de réformespolitiques portées par plusieurs pans de la société marocaine”, commente un militant de gauche. Car si, aujourd’hui, le système monarchique ne semble plus être contesté par personne (ou alors par très peu d’activistes marginaux), les opinions divergent quant au rôle que devrait jouer l’institution monarchique dans la vie politique marocaine. Plusieurs personnes, dont des leaders politiques,militent clairement pour une monarchie parlementaire, concrétisée par un transfert de pouvoirs à un gouvernement issu des urnes. Le roi n’aurait plus de pouvoir exécutif, mais il deviendrait alors une sorte de garant de l’unité et de la sécurité du pays, un arbitre au-dessus de la mêlée qui n’intervient pas dans la gestion

quotidienne des affaires. En gros, un roi qui règne mais qui ne gouverne pas.Reste la question : est-on prêt (s) ? Pas sûr… Dans ses différents discours (et dans les faits), le roi plaide pour “une monarchie agissante et citoyenne”. Au niveau populaire, rien ne montre, non plus, que l’opinion publique soit favorable au changement. “C’est clairement une revendication élitiste. Mais elle est nécessaire pour passer à une réelle démocratie et préserver l’image positive du roiauprès de l’opinion publique”, conclut notre militant. I
TNIOUNI

L’AVIS DE FOUAD ABDELMOUMNI
Militant des droits de l’homme

“L’institution monarchique n’est pas décrédibilisée auprès de l’opinion publique. La classe politique sert encore de soupape de sécurité qu’on fait sauter à chaque moment de tension. Mais cela n’a pas que des avantages, loin s’en faut. Nous vivons une situation devide politique abyssal. Les gens n’accordent plus aucun crédit aux partis, ce qui provoque un certain malaise au sein de l’opinion publique. Cette dernière est même privée de son droit de vote sanction ou de vote alternatif pour améliorer son quotidien. Cela provoque un ras-le-bol général qui peut subitement basculer dans la contestation. Les cas tunisien et égyptien sont là pour nous le rappeler”.I

e n’est un secret pour personne : quasi inexistante et leur gros appétit rend difLe business en matière économique, le Maficile l’émergence de nouveaux groupes. Auest tenu par roc a toujours jalousé le voisin tour de cette sphère d’entrepreneurs une poignée tunisien. Considérée comme privilégiés, gravite un tissu de PME fragiles de holdings qui ont fleuri plus compétitive, plus attrayante etplus et vulnérables. Il ne reste donc plus que la à l’ombre performante, l’économie tunisienne a composante informelle pour assurer un du pouvoir. pourtant révélé son côté obscur après la semblant d’équilibre socio-économique. chute du régime Ben Ali : une dominaUne composante souterraine qui se position du business par la famille du présitionne, selon les statistiques disponibles, dent déchu.Difficile de ne pas faire le comme le premier employeur du pays (avec parallèle avec le Maroc. Le fait est que, 37% des emplois non agricoles) et brasse chez nous, la famille royale joue les prel’équivalent de 14% du PIB du Maroc. I miers rôles sur la scène économique. Présent dans les différents secteurs productifs (agroalimentaire, mines, distriL’AVIS DE AZZEDINE AKESBI bution, télécoms,…