Commentaire de enterrement du père goriot balzac

Nanon – G. Sand : Etude Critique
Au théâtre, tirades ou monologues laissent s’exprimer longuement un seul personnage. Pensez-vous que les dramaturges aient intérêt à les éviter, au profit des dialogues, comportant des répliques plus brèves ?

Au théâtre, tirades et monologues représentent un moment où un personnage s’exprime longuement sur scène, sans interruption. Cependant, il convientde les distinguer. La tirade s’adresse à d’autres personnages présents aux côtés du locuteur. Lors d’un monologue, le locuteur est seul sur scène, il ne s’adresse qu’à lui-même ou aux spectateurs. Certains critiquent l’emploi des tirades et des monologues qui ont la réputation de ralentir le rythme des pièces et d’en freiner la théâtralité. N’ont-ils pas malgré tout des fonctions intéressantes ?Nous pourrons, dans un premier temps, envisager les inconvénients des tirades et des monologues, avant de considérer leurs avantages. Enfin, nous pourrons en déduire quel meilleur usage pourraient en faire les dramaturges.

Si les tirades et les monologues sont parfois mal perçus par les lecteurs de pièces de théâtre ou les spectateurs, il faut bien avouer que ces longs discours sontparfois difficiles à suivre, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, on peut avoir eu en mémoire les monologues ou les tirades d’exposition du théâtre classique qui sont parfois assez fastidieux, parce qu’ils concentrent une somme d’informations vraiment difficile à retenir. Ce sont souvent des personnages secondaires tels que les confidents qui se chargent de cette mise au point historiquede la situation. Ainsi, dans Rodogune de Corneille, Laonice, qui est une simple confidente, se lance dans de longs récits qui retracent à la fois les phases de la guerre contre les Parthes et une situation familiale très complexe… Il faut comprendre d’emblée que le roi Nicanor a combattu longuement ses ennemis, les Parthes. Sa femme, Cléopâtre, le croyant mort, a épousé son frère. Nicanor,l’apprenant, a fait de Rodogune, la fille du roi des Parthes, sa maîtresse. Après la mort de Nicanor, Cléopâtre doit annoncer à l’un de ses deux fils jumeaux qu’il est né le premier et qu’il doit succéder à Nicanor. Mais le futur roi, pour sceller la paix avec les Parthes, doit épouser Rodogune, faite prisonnière. Cette situation initiale très complexe est assénée aux spectateurs dans les premières scènespar les confidents, ce qui n’est pas une manière très dynamique de commencer cette pièce, par ailleurs très baroque et passionnante.
De plus, les monologues ou les tirades présentent l’inconvénient de mettre en scène des situations très artificielles. Ainsi, dans les expositions, les personnages qui rappellent les faits aux spectateurs n’ont aucune raison valable de le faire, puisqu’ilssont parfaitement au courant de tout depuis longtemps. Le monologue manque absolument de réalisme. A-t-on déjà vu quelqu’un parler seul à haute voix tout en étant sain d’esprit ? Le monologue de Figaro dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais, acte V scène 3, correspond à un sursaut de révolte intérieure, mais il n’a rien de réaliste : quelqu’un qui, dans une situation comparable, se mettrait àfaire un aussi long discours à haute voix présenterait des troubles mentaux. Or, au théâtre, les conventions admettent les monologues comme un mode d’expression normal.
Enfin, on peut constater que les tirades et les monologues se font souvent au détriment de l’action : ils sont souvent statiques, et les metteurs en scène doivent souvent déployer des trésors d’inventivité pour les rendre plusvivants, les acteurs ayant parfois du mal à trouver un jeu théâtral qui évite de les figer. Le théâtre au XVIIe siècle était souvent déclamé sur scène avec emphase et les acteurs prenaient des poses statiques pour dire leur texte. On en voit un exemple au début du film Cyrano de Bergerac de J.-P. Rappeneau, à travers l’exemple de l’acteur Montfleury. Depuis, les normes des représentations ont…