Crise économique des subprimes

1 – Et l’Homme créa le « subprime »

A l’origine, un besoin simple. Des millions de ménages pauvres cherchent à acquérir un logement sans en avoir les moyens. Les courtiers proposent alors des crédits, qui, à première vue, semblent très alléchants. Les taux d’emprunts sont « raisonnables » pendant les premières années, mais sont ensuite amenés à augmenter. Ce sont en fait les organismes prêteursqui fixent le taux de remboursement. Mais ce dernier point n’est pas expliqué en détail aux ménages qui souscrivent à ces crédits en masse, parfois plusieurs à la fois.

Ces prêts à taux variables, les fameux « subprimes », sont ensuite revendus à des fonds d’investissement. Les crédits sont ensuite disséqués par les financiers, et intégrés par « petits morceaux » dans des paquets financiers, quiincluent également d’autres actifs de crédits moins risqués.

Si l’on schématise, un paquet financier type ressemble à un carton d’emballage. Le contenu de ce carton, les actifs de crédits, est divisé en trois catégories. Les actifs à bas risques, qui rapportent peu mais sont très sûrs, occupent le gros du volume du carton. Viennent ensuite des crédits plus risqués, qui sont égalementfinancièrement plus intéressants. Enfin, dans le peu d’espace restant dans le carton, les ingénieurs financiers placent une petite portion de crédits à très haut risque, dont font partie les « subprimes ». En fonction de la place accordée à ces produits financiers dans les paquets, les agences de notations les « étiquettent » par rapport au potentiel risque qu’ils contiennent.

Ces paquets, appelés titres,sont ensuite mis en circulation sur les marchés financiers où ils sont achetés par des banques du monde entier.

2 – L’effet papillon

A partir de fin 2006, les ménages qui avaient souscrits aux « subprimes » sont victimes de la brutale augmentation des taux d’emprunts et ne peuvent plus rembourser leurs banques.
Leurs maisons sont alors saisies pour être revendues. Mais le marché immobilieraméricain, rapidement inondé par la quantité de l’offre et face au peu de demandes, s’effondre.

Première conséquence : les fonds qui avaient massivement investit dans les « subprimes » se retrouvent pris au piège. En juillet 2007, deux fonds de la banque d’investissement Bear Stearns ferment.

C’est le début d’une réaction en chaîne qui va toucher des banques dans le monde entier. NorthernRock,établissement spécialisé dans le crédit immobilier au Royaume-Uni, sera nationalisé en février 2008, faute de repreneur, après que les images des longues files d’épargnants venus retirer leur argent en catastrophe aient fait le tour du monde.

En France, BNP-Paribas est obligé de fermer plusieurs de ses fonds. La Société Générale, en plein affaire Kerviel, annonce une dépréciation de 2milliards d’euros suite à la crise des « subprimes ».

3 – Une partie de poker qui tourne mal

Pour bien saisir l’effet domino qui se propage dans les places boursières, il faut comprendre que les sommes d’argent qui sont misées chaque jour par les banques sont plus importantes que la valeur réelle de leurs actifs. Le vieil adage « on ne prête qu’aux riches » prend ici toute sa signification. Une banquequi annonce de bons résultats inspire la confiance des investisseurs, et on lui confie de l’argent. Les banques se prêtent donc de l’argent entre elles, et remettent ces sommes en circulation sur les marchés financiers.

Avec le début de la crise immobilière aux Etats-Unis, les banques, qui possèdent toutes plus ou moins de titres impliquant des « subprimes », engagent une véritable partie depoker. Chacune sait combien de titres « chauds » elle possède, mais ignore le contenu du portfolio de sa voisine. Jouant la carte de la sécurité, elles évitent de prêter à leurs consœurs, ou alors à des taux très élevés. Nombre d’établissements qui dépendent de ces prêts interbancaires se retrouvent alors fragilisés.

C’est ce phénomène qui explique comment la faillite de la banque Lehman…