Divan japonais

Le « Divan Japonais » de Toulouse-Lautrec
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I- Analyse général de l’œuvre

L’œuvre est réalisée en 1892-93 pour le cabaret du divan japonais. C’est une affiche lithographique de 80,3 / 60,7 cm.
Une diagonale partage l’affiche en deux plans, créant une séparation entre la scène et le public, et place ainsi le spectateur sur le même plan que le public. Notre regard s’attarde ainsisur la première figure au premier plan : une femme rousse, tout de noir vêtue, assise sur une chaise et tenant un éventail dans sa main droite. À sa droite est assis un homme élégant, tenant une canne. Ces personnages sont séparés de la scène par la ligne diagonale construite par des instruments schématisés et l’évocation d’un public par les 2 bras. Sur scène, une femme dont la tête est coupéepar le cadrage est figurée presque exclusivement par de longs gants noirs. Le nom de l’établissement « le divan japonais » et son adresse figurent en haut de l’image, ainsi que le nom de l’éditeur en bas à gauche.
Le mouvement donné par cette diagonale est repris par le mouvement de la femme qui semble s’assoir à cet instant : le mouvement est pris sur le vif, comme une volonté de traduirel’atmosphère bouillonnante du cabaret. Il y’a une recherche de mouvement : la ligne sinueuse de la chaise qui se poursuit par celle formée par la canne, appelant le regard sur les instruments, et amenant enfin le regard jusqu’a la silhouette des gants de la femme en arrière-plan.
La volonté d’une lecture rapide, nécessaire pour l’art de l‘affiche, se traduit par l’influence du japonisme, quidémontre que la schématisation, la déformation permettent d’obtenir une plus grande expressivité. C’est pourquoi il y’a une simplification des instruments, du public, et des silhouettes des personnages. Il apprend donc à supprimer le détail superflu.

On retrouve cette volonté de simplification, due au japonisme, dans le traitement des couleurs et de la lumière : on observe une absence complèted’ombres, les couleurs sont posées en grands aplats. On est d’abord attiré par le noir de la robe de la femme qui contraste avec le fond gris et jaune, ce qui permet de la mettre en valeur, d’ailleurs, elle occupe la moitié de l’affiche, et qui renvoie au noir de l’arrière-plan, aux gants noirs de la femme, toujours dans ce souci d’une lecture facile de l’affiche.
Une autre technique permet de détacherles personnages du fond : le cloisonnisme. Il cerne ses personnages d’un trait noir, ce qui anime la surface et les contours. On retrouve l’influence du japonisme également dans le cadrage . Il cadre ses personnages au plus serré. Il va même jusqu’à couper la tête de la femme à l’arrière-plan. Tout est dans l’évocation et non dans la représentation précise.

II- La technique de lalithographie

L’artiste dessine une image sur une pierre poreuse au moyen d’un bâton de craie grasse ou pinceau d’encre grasse. Cette image est fixée sur la pierre en utilisant un mélange de produits chimiques. La pierre poreuse est ensuite saturée d’eau, les zones grasses repoussent l’humidité. On recouvre toute la surface avec la même encre grasse et les zones humides agissent comme repoussoir. Onpose une feuille de papier sur la pierre et le tout passe dans la presse. Il fallait utiliser différentes pierres pour les différentes couleurs.
Lautrec procède toujours de la même façon : il commence par un dessin préparatoire au fusain, il délaye ses couleurs avec de l’essence pour qu’elles sèchent plus vite. Il choisit des cartons colorés qui servent de fond. Il essaye différentesencres d’imprimerie, sur divers papiers . Lautrec innove en réduisant le spectre des couleurs au jaune, au rouge, au bleu et au noir. Il va faire du noir la base de ses affiches. Lautrec utilise aussi une technique employée par de nombreux affichistes : le crachis ou pluie fine d’encre faite à partir d’un couteau que l’on passe sur une brosse à dents encrée.
Chaque affiche exige une suite de…