Entrainement a la dissertation

Vous trouverez ci-joint la proposition de correction rédigée sur le sujet consacré aux lettres dans Ruy Blas.
Cordialement. NK.
Entraînement à la dissertation :
Retrouvez (en vous aidant de vos fiches de lecture) et relisez tous les passages de Ruy Blas où apparaissent lettres, billets, missives et autres documents écrits. Traitez ensuite le sujet de dissertation suivant (annonce du plan etdéveloppement rédigé uniquement) :
« Dans Ruy Blas de Victor Hugo, une lettre, c’est toujours un piège. »
Cette affirmation vous semble-t-elle justifiée ? BON COURAGE
Proposition de correction :
Nous commencerons par étudier le cas où la lettre constitue (ou fait partie d’) un piège planifié par un personnage et destiné à contraindre une victime. Nous examinerons ensuite les lettres quiremplissent d’autres fonctions que celle de piéger. Nous verrons enfin que, dans certains cas, une lettre innocente peut être détournée de sa fonction initiale et qu’elle devient un piège par la volonté d’un personnage ou même par celle de l’auteur.
Les deux documents que Salluste fait rédiger à Ruy Blas à la scène 4 de l’acte I constituent une illustration frappante de sa capacité à utiliser l’écritcomme un piège. Le premier de ces papiers servira à piéger la Reine en la faisant sortir hors du palais (« Ma Reine seule peut conjurer la tempête / En venant me trouver ce soir dans ma maison… » p.55h). Le second permettra à Salluste de garder le contrôle de son agent car il constitue une preuve de l’identité véritable de Ruy Blas (« Moi, Ruy Blas, laquais de Monseigneur… » p.56m). La scène 5 del’acte IV nous fournit un autre exemple de lettre fonctionnant comme un piège : en enfermant dans la boîte qu’elle confie à Guritan les instructions suivantes : « Gardez le plus longtemps possible ce vieux fou », la Reine parvient à paralyser son dangereux majordome pendant six mois. Ces trois exemples nous montrent que l’écrit, dans Ruy Blas, devient volontiers un piège permettant de prendre (ou degarder) le contrôle des individus. Mais ce processus est-il systématique ?
Il semble que non. C’est en tout cas ce que l’examen des exemples suivants permet de supposer. Considérons la lettre que Ruy Blas dépose sur le banc de la Reine avec les fleurs bleues, cette lettre que la Reine relit à la scène 2 de l’acte II (p.79). Il serait bien difficile de justifier l’assimilation de cette déclarationd’amour anonyme à la mise en place d’un piège concerté par le personnage qui en est l’auteur. Dans un autre contexte, le mot que Ruy Blas adresse à la Reine à la scène 1 de l’acte IV (p.133b) constitue, non pas un piège mais au contraire une protection, une mise en garde susceptible de désamorcer le piège tendu par Salluste. En effet, associé au message oral que Guritan est censé transmettre, cebillet pourrait contrer le faux appel au secours dicté au premier acte par le ministre déchu. D’autres lettres encore, remplissent une fonction purement protocolaire. La missive par laquelle le Roi informe son épouse qu’ « il fait grand vent et [qu’il a] tué six loups » à la chasse (Acte II, scène 3 p.81m) n’a d’autre fonction que d’entretenir une communication toute formelle dans un coupleofficiel où l’amour n’a jamais existé. Ainsi, qu’elle servent à déclarer un amour véritable, à protéger ou à maintenir une communication creuse afin que les convenances soient respectées, les lettres présentes dans Ruy Blas ne sont pas toutes des pièges. Un dernier cas de figure doit cependant être envisagé.
Ce cas de figure, c’est celui où une lettre qui n’a rien d’un piège à l’origine, en devient una posteriori, pour peu qu’un personnage mal intentionné sache en tirer parti. C’est exactement ce qui arrive avec les billets doux trouvés par les alguazils dans les poches du pourpoint de Don César (Acte IV, scène 8, p.172h). Ce pourpoint, volé par Matalobos au comte d’Albe et donné ensuite à Don César permet à Salluste de provoquer l’arrestation de ce remuant cousin qui met ses plans en…