Faut-il avoir de la chance pour être heureux ?
« Tous les hommes recherchent à être heureux. Cela est sans exception, quel que soit les différents moyens qu’ils emploient « (Pascal)
Nous sommes tous dans une conquête permanente du bonheur. Ce dernier est souvent conçu comme étant une fin ultime de la vie humaine (appelée eudémonisme). Il est la fin la plus haute, que l’on recherche pour elle-même. Le bonheur est un état de plénitude continue.Au sens général, on peut penser que le bonheur est l’assouvissement intégral des besoins et des désirs. Cependant, si on accepte cette définition, ne sommes-nous pas condamnés à ne jamais être heureux ? En effet, la satisfaction complète des désirs semble impossible dans la mesure où un désir est un manque que l’on se créé soit même par l’imagination. On peut penser à Don Juan qui pourra avoirautant de femmes qu’il le souhaitera, mais qui n’aura jamais la totalité des femmes !
Etudions alors à l’étymologie du terme. « Bonheur » vient de « heur » (du latin augurium, accroissement accordé par les dieux) qui signifie bonne fortune, faveur divine. Cela indique que le bonheur est quelque chose qui vient forcément de l’extérieur : il ne nous appartient pas de le construire par nous-mêmes.Ainsi, il suggère l’idée de bien et de la chance. Il faut la distinguer du hasard. En effet, celui-ci est un événement imprévisible heureux ou malheureux. La chance, elle, est la probabilité qu’une chose heureuse se produise.
Ainsi, faut-il avoir de la chance pour être heureux ? Cependant, est ce que c’est la seule chose qui conduirait au bonheur ? Y a-t-il une méthode pour l’atteindre ?Existe-t-il des limites au bonheur ? N’est-il pas utopique de croire au bonheur ?
Nous nous intéresserons dans un premier temps à deux mouvements philosophiques, le stoïcisme et l’épicurisme, qui s’opposent à propos du bonheur. Puis, nous focaliserons notre attention sur le bonheur et son lien avec la société. Enfin, nous étudierons si le bonheur est un souverain bien.
La recherche du bonheur a unpoint de départ assez pessimiste : nous voulons le bonheur que nous n’avons pas, et nous voulons fuir ce qui nous blesse. Il n’est donc pas étonnant que le bonheur intégral soit si souvent lié à l’idée de perfection, et donc d’un dieu. Par conséquent le bonheur n’existe que sous la forme d’un but idéal et inaccessible. Dans le cas le plus extrême, par exemple pour ceux qui croient en un dieu, alorsle bonheur n’est pas humain puisqu’il appartient à un être parfait, Dieu. Pour eux, le bonheur dépend de la fortune (au double sens du hasard et de la possession des biens matériels). Les stoïques, comme en témoigne Calliclès dans Gorgias, affirment que le bonheur est tributaire de ce que la nature a offert à chaque homme : est heureux celui qui, par nature, possède un équilibre entre les désirs etles facultés. En effet, le bonheur ne se goûte qu’à condition que les désirs n’aillent pas au-delà des possibilités de leur satisfaction. Le désir de l’homme serait d’être heureux, mais la satisfaction de ses souhaits appartient à un autre que l’homme : au sage surhumain pour les Stoïciens qui est maître de lui-même, qui accepte l’ordre divin. Pour les stoïciens, panthéistes, Dieu était lanature. Déjà à l’antiquité grecque, le pessimisme est poussé à son plus au point… Hegesias, nommé ministre de la mort, enseignait que la vie ne valait rien et qu’il fallait mourir pour être heureux… Ainsi, il entraina une vague de suicides. De façon plus générale, les stoïciens refusent l’idée selon laquelle les hommes seraient, depuis leur origine, à la recherche du plaisir. Ils affirment qu’aucontraire nos impulsions sont dues à notre nature humaine. Ainsi, un enfant qui s’exerce à marcher et qui ne cesse de chuter, de se faire mal, n’est pas guidé par la satisfaction mais par le besoin d’être comme ceux qui l’entoure. Sénèque affirme par ailleurs qu’il est impossible de confondre bonheur et plaisir, le premier étant un état durable, le second un sentiment éphémère : « le plaisir arrivé à…