François quesnay tableau économique

FRANÇOIS QUESNAY (1694-1774)
JUIN 1766
ANALYSE DE LA FORMULE
ARITHMÉTIQUE
DU TABLEAU ÉCONOMIQUE
DE LA DISTRIBUTION DES DÉPENSES ANNUELLES
D’UNE NATION AGRICOLE
[Le texte qui suit est celui de l’édition de Physiocratie, ou Constitution naturelle du Gouvernement économique d’un royaume agricole, publié en 1768 par Dupont de Nemours sous l’adresse de Leyde.]
Lorsque l’agriculture prospère,tous les autres arts fleurissent avec elle, mais quand on abandonne la culture, par quelque cause que ce soit, tous les autres travaux, tant sur terre que sur mer, s’anéantissent en même temps. SOCRATE dans Xénophon. [pic]
LA nation est réduite à trois classes de citoyens : la classe productive, la classe des propriétaires et la classe stérile.
La classe productive est celle qui fait renaître parla culture du territoire les richesses annuelles de la nation, qui fait les avances des dépenses des travaux de l’agriculture, et qui paye annuellement les revenus des propriétaires des terres. On renferme dans la dépendance de cette classe tous les travaux et toutes les dépenses qui s’y font jusqu’à la vente des productions à la première main, c’est par cette vente qu’on connaît la valeur de lareproduction annuelle des richesses de la nation.
La classe des propriétaires comprend le souverain, les possesseurs des terres et les décimateurs. Cette classe subsiste par le revenu ou produit net de la culture, qui lui est payé annuellement par la classe productive, après que celle-ci a prélevé, sur la reproduction qu’elle fait renaître annuellement, les richesses nécessaires pour serembourser de ses avances annuelles et pour entretenir ses richesses d’exploitation.
La classe stérile est formée de tous les citoyens occupés à d’autres services et à d’autres travaux que ceux de l’agriculture, et dont les dépenses sont payées par la classe productive et par la classe des propriétaires, qui eux-mêmes tirent leurs revenus de la classe productive.
Pour suivre et calculer clairement lesrapports de ces différentes classes entre elles, il faut se fixer à un cas quelconque, car on ne peut établir un calcul positif sur de simples abstractions.
Supposons donc un grand royaume dont le territoire porté à son plus haut degré d’agriculture, rapporterait tous les ans une reproduction de la valeur de cinq milliards, et où l’état permanent de cette valeur serait établi sur les prix constantsqui ont cours entre les nations commerçantes, dans le cas où il y a constamment une libre concurrence de commerce, et une entière sûreté de la propriété des richesses d’exploitation de l’agriculture (1).
Le Tableau économique renferme les trois classes et leurs richesses annuelles, et décrit leur commerce dans la forme qui suit.
CLASSE CLASSE CLASSEproductive des propriétaires stérile
___ ___ ___

Avances Revenu Avances

annuelles de cette de deux milliards pour de cette classe
classe, montant à cette classe, il s’en de la somme d’un
deux milliards (2) dépense un milliard en milliard qui se
quiont produit cinq achats à la classe dépense par la classe
milliards, productive et l’autre stérile en achats de
dont deux milliards milliard en achats à la matières premières à
sont en produit net classe stérile. la classe productive.
ou revenu.

Ainsi la classe productive vend pour un milliard de productions aux propriétaires du revenu, et pour unmilliard à la classe stérile qui y achète les matières premières de ses ouvrages, ci. . . . . . . . . 2 milliards.
Le milliard que les propriétaires du revenu ont dépensé en achats à la classe stérile, est employé par cette classe pour la subsistance des agents dont elle est composée, en achats de productions prises à la classe productive, ci. . . . . . . .1 milliard.
Total des achats faits par…