Graffiti et identité
Sur le plan sociologique, la dynamique de groupe s’est répandue pendant les années 1960 dans les formations des responsables de toutes les organisations et des entreprises. La mode est au débat.Mais les clivages sociaux sont encore extrêmement rigides. 92 % des étudiants viennent encore de la bourgeoisie. Le paternalisme autoritaire est omniprésent. On commence à ouvrir des lycées « mixtes[2]», mais beaucoup d’établissements scolaires sont encore réservés aux garçons ou aux filles seulement. Les filles ne sont pas autorisées à porter le pantalon. Il est impossible de fumer dans unétablissement ou, dans les universités, d’accéder pour les hommes aux internats de filles.
La France a autorisé l’usage de la pilule contraceptive dès 1967, mais elle est encore peu répandue. L’éducationn’a pas encore connu de réformes structurelles et le décalage est criant entre les aspirations d’une jeunesse et les cadres moraux qu’ils ressentent comme dépassés.
Au plan philosophique, plusieursauteurs ont eu une influence importante au moins sur une partie du mouvement, pendant et après : le freudo-marxiste Wilhelm Reich, dont le manifeste, La révolution sexuelle, est paru en 1936 ; lelivre d’Herbert Marcuse L’Homme unidimensionnel, sous-titré Essai sur l’idéologie de la société industrielle avancée, paru en France en 1964 puis réédité en 1968 ; le Traité de savoir vivre à l’usage desjeunes générations de Raoul Vaneigem, paru en 1967 ; La Société du spectacle de Guy Debord, paru en 1967 ; et, plus tard, L’Anti-Œdipe de Gilles Deleuze et Félix Guattari, publié en 1972. À l’Écolenormale supérieure de la rue d’Ulm, le philosophe communiste Louis Althusser a formé une génération de penseurs marxistes-léninistes français, qui forment l’embryon des premières organisationsmaoïstes.
Cependant, peu des penseurs éminents de l’époque prendront part en personne au mouvement, dont l’explosion les surprendra autant que tout le monde. En général, ils seront initialement…