Ignorance occidentale

Dans l’allégorie de la caverne de Platon, la première phrase est : « Représente-toi de la façon que voici l’état de notre nature relativement à l’instruction et à l’ignorance ». L’état d’ignorancedans cette approche héritée de l’école pythagoricienne est associée à deux aspects de la condition de l’homme plongé dans l’obscurité :

* l’ignorance invincible, faisant l’objet d’un plaidoyerd’innocence
* l’obscurantisme

Molière a traité ce sujet dans Les Femmes savantes et Le Bourgeois gentilhomme. Dans la Critique de la raison pure, Kant a crédité « les observations et les calculsdes astronomes » de nous avoir « appris bien des choses étonnantes », dont la plus importante est qu’elle nous a « découvert l’abîme de l’ignorance, dont la raison humaine, sans [cette connaissance],n’aurait jamais pu se représenter qu’il était aussi profond ; et la réflexion sur cet abîme, dit-il encore, doit produire un grand changement dans la détermination des fins ultimes à assigner à notreusage de la raison. »[1].

Depuis le XXème siècle, ce concept joue un rôle important en économie, en particulier dans le domaine de la veille stratégique et de l’intelligence économique. Ondistingue :

* L’ignorance savante, c’est celle de celui qui « sait qu’il ne sait pas »
* L’ignorance profonde c’est celle de celui qui « ne sait pas qu’il ne sait pas ».

Dans la langueallemande, on distingue l’gnorance fortuite, « nichtwissen », de l’ignorance volontaire, « totschweigen ».

Des travaux ont contribué à l’élaboration d’une épistémologie de l’ignorance qui montre que cesdeux types d’ignorance entretiennent des rapports complexes, y compris chez les chercheurs scientifiques. Ainsi, une conceptualisation des ignorances et de leur gestion intellectuelle a été entreprisedans Les ignorances des savants, par Roger Lenglet et Théodore Ivainer[2].

Dans l’industrie, l’application d’un coefficient d’ignorance permet de garantir la sécurité de tout ou partie d’un…