La conscience est la marque meme de l’homme

La conscience est la marque même de l’homme. Elle est ce qui le distingue du règne animal et végétal car si ceux-ci sont, ils ne savent pas qu’ils sont ni ce qu’ils sont. Cette première analyse nous permet d’aborder la conscience en l’assimilant à un savoir. Mais, si la conscience est consciente d’elle même ainsi que du caractère singulier de l’individu dont elle est la conscience, d’où tiretelle ce savoir ? Celui-ci lui est-il inné ou bien est-ce un savoir qu’elle a pour tâche d’acquérir ? Si cette seconde possibilité se révèle exacte, comment alors pouvons-nous penser le rapport entre une conscience qui nous est présente naturellement et un savoir qui lui semble consubstantiel et qui pourtant demande à être l’objet d’une acquisition de notre part ? La conscience ne serait-elle doncqu’une faculté qu’il nous faudrait cependant développer si nous voulons accéder à la réalité de notre être conscient ? Mais, si tel est le cas, de quelle manière doit-on interroger notre conscience ? Quel rapport doit-on entretenir avec elle afin de parvenir à une parfaite connaissance de soi ? Pour Hegel, l’acquisition de la conscience de soi se ferait de deux manières : de l’intérieur à la manièred’une théorie, et de l’extérieur à la manière d’une pratique.
Cependant, comment comprendre le rapport que ces deux manières entretiennent entre elles ? Doit-on y voir deux étapes successives qui, en se complétant, permettraient à l’homme d’accéder à la plus juste saisie de soi possible ; ou bien doit-on y voir une interaction de l’intériorité et de l’extériorité qui ferait que toutes prises deconscience, même celles se portant exclusivement sur le monde extérieur, se dégèleraient au final n’être qu’une expression déguisée de la conscience que l’homme prend de lui-même, quelque soit le domaine vers lequel se porte son attention. En bref, toute position consciente se ramènerait toujours pour l’homme à la conscience que celui-ci peut prendre de lui-même. Etre conscient du monde et êtreconscient de soi seraient dès lors synonymes.
1 – La conscience comme spécificité humaine. (Ligne 1 à 6)

Hegel pose d’emblée ce qui distingue radicalement l’homme de toutes les autres espèces que celles-ci soient végétales ou animales : c’est le fait qu’il soit un être doué originellement de conscience. Celle-ci, qui est une donnée naturelle de l’humanité, ne peut être traitée par l’analysecomme un attribut quelconque. Sa présence ne nous différencie pas accidentellement des autres vivants ; elle nous différencie essentiellement. Pour bien marquer cette spécificité de la conscience, Hegel utilise le couple conceptuel « immédiateté » et « médiateté ». Alors que les autres espèces ont un rapport immédiat au monde et à eux- mêmes, l’homme est ce seul être pour qui tout rapport se trouvenécessairement médiatisé par le fait même d’être conscient. Dès lors, Hegel distingue le vivant, qui est simplement  » en soi « , de l’homme qui est essentiellement un être  » pour soi « .
La difficulté de l’analyse commence à se préciser à partir du moment où Hegel nous dit que l’homme  » a une double existence : il existe d’une part au même titre que les choses de la nature, mais d’autre part, ilexiste aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense et n’est esprit que par cette activité qui constitue un être pour soi « . Comment doit-on entendre cette  » double existence  » ? Comment doit-on interpréter le  » d’une part « ,  » d’autre part « ,  » aussi « , ici employés par Hegel ? Doit-on y voir une simple juxtaposition, mais dans ce cas n’est ce pas scinder le sujet humain et luienlever toute unité véritable, ou bien doit-on voir dans cette conception additionnelle la marque plus profonde d’une prise en considération de la nature totale de l’homme, c’est-à-dire à la fois sa nature spirituelle en tant que sujet conscient et sa nature corporelle en tant que vivant inscrit dans un règne naturel dont il ne peut par aucun moyen s’affranchir ?
La réponse à une telle…