La langue d’homère dans l’odyssée

Aspects de la langue d’Homère dans les chants V à XIII de l’Odyssée.

Sans entrer dans l’étude de la langue grecque et, plus précisément de la langue de l’épopée homérique, ce qui serait tout à fait hors de portée et hors sujet dans le cadre de l’étude des passages de l’Odyssée au programme, il est tout de même indispensable de disposer de quelques notions permettant de mieux en appréhender lescaractéristiques. Ce sera l’objet de cet exposé.

I/ La langue d’Homère
1/ Quelques notions de base
Le grec est, comme le latin et le sanscrit, une langue indo-européenne. On peut reconstituer les racines des mots par la comparaison de ces langues et d’autres parlées et écrites à la même époque. Ce travail a été fait par les philologues, surtout aux XIXème et XXème siècle.

Les anciensGrecs ont adopté et transformé l’alphabet sémitique (phénicien), de manière à noter les voyelles, nombreuses en grec au IXème siècle avant Jésus Christ environ.
Les voyelles du grec sont : a, e, i, o, u (?, ? ,?, ?, ?, ?, ?).
Certaines sont toujours brèves : ? et ?, d’autres toujours longues ?, ?.
?, ?, ? sont soit brèves soit longues.

Il est très important de connaître ces données pourcomprendre le fonctionnement du vers utilisé dans les poèmes homériques. Celui-ci est l’hexamètre dactylique. A la différence du vers français qui se découpe en syllabes, le vers grec se décompose en unités rythmiques (musicales), appelées pieds. On peut écouter des vers homériques scandés sur le site de l’université de Harward, site Harward classics, Prose and poetry.

L’hexamètre dactyliquecomprend six pieds composés de deux syllabes longues ? ? (spondée) et/ou d’une syllabe longue et de deux syllabes brèves : ? ??(dactyle, du grec « dactulos » le doigt). Le sixième pied de l’hexamètre est un dactyle, d’où son nom de « dactylique ».
Le rythme est très important dans la poésie grecque qui était, à l’origine, accompagnée d’un instrument de musique (cf. l’aède Démodocos dans l’Odyssée).D’autre part, comme la poésie épique était, à l’origine, transmise oralement, la répétition des vers entiers ou de parties de vers était un outil mnémotechnique important pour les aèdes. De nombreuses formules se répètent, uniquement pour des raisons de métrique.
Par exemple, selon Pierre Carlier (Le Magazine littéraire, janvier 2004), dans l’Iliade, Achille est, selon la coupe choisie, « aux piedslégers », « divin », « divin aux pieds rapides », « fils de Thétis à la belle chevelure ». Au nominatif, il est « semblable aux dieux » ; au vocatif, à l’accusatif, il est « preneur de villes » en fin de vers ; au génitif, il est « fils de Pélée » etc.

Ce stock de formules s’est accumulé au fil du temps et a été réutilisé par des générations d’aèdes avant de se fixer dans l’écriture. Cependant,ces épithètes ne sont pas dépourvues de sens. C’est ce que nous allons étudier maintenant à travers quelques exemples.

2/ Les adjectifs « homériques » et les formules répétées.

Liste des épithètes homériques
Ulysse est qualifié de différentes manières mais voici les formules qui reviennent le plus souvent=
L’ingénieux, l’industrieux, l’inventif, aux mille tours= rappelant la métis(Athéna lui dit qu’il fait partie des astucieux)
La patient, L’endurant= lorsque l’aède veut mettre en valeur ce qu’est en train d’endurer le héros
Le fameux, fils de Laërte, roi d’Ithaque= affirmation de l’identité, problématique du Kléos
Le Fléau des villes= orgueil du guerrier/confrontation avec le cyclope.

Pour les dieux, le poète insiste sur leur puissance et leurs pouvoirs. Parexemple, Zeus est celui « qui règne sur le monde », IX, 552, « celui qui tonne dans le ciel », V, 4, « celui qui sait rallier les nuages », V, 21, « le rassembleur des nues », IX, 67. Ces formules nous donnent l’image d’un dieu céleste tout puissant. Les éclairs, le tonnerre et les nuages lui obéissent.
L’image de Poséidon est aussi une image de puissance. Il est « celui qui fait trembler la terre,…