Le langage dans le nom sur le bout de la langue de pacal quignard

Alissa Brissat. UE 6, Littérature française.
M1 Lettres Modernes.
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Le nom sur le bout de la langue.

Pascal Quignard.

Plan du dossier :

Le langage dans le nom sur le bout de lalangue.

1.Le langage : une acquisition complexe…

2. … dangereuse car fugitive et dé

Les limites du langage.

Ecrire et se taire pour dépasser le langage ?

L’œuvre de Quignard traite effectivement du langage, sous une forme certes particulière car les personnages de son livre sont confrontés à certaines difficultés quant à ce langage : ils ne retrouvent plus un nom, ou un mot , commele personnage de Colbrune ou

I) Le langage dans Le nom sur le bout de la langue .

1) Une acquisition complexe.

Quignard, tout au long de son œuvre, traite de manière différente d’un même sujet : le langage, qu’il essaie de décrypter à travers une expérience commune à tous : sa défaillance. Et si ce langage est à même de défaillir, de se perdre sur le bout de la langue des individusqui pensaient pourtant le maîtriser, cela signifie purement et simplement que nous ne sommes pas une espèce qui « possède » le langage. Pour Quignard le langage nous l’acquérons tant bien que mal à partir de l’âge de dix-huit mois jusqu’à l’âge de sept ans. L’auteur le dit de manière très explicite dans un des premiers fragments du « Petit traité sur Méduse » :

Qu’un mot puisse êtreperdu, cela veut dire : la langue n’est pas nous-mêmes. Que la langue est acquise cela veut dire : nous pouvons connaître son abandon. Que nous puissions être sujet à son abandon, cela veut dire que le tout du langage peut refluer sur le bout de la langue.

Et si Quignard parle d’acquisition et non pas d’apprentissage c’est pour souligner la dimension non naturelle de ce langage que le jeuneenfant doit acquérir s’il veut pouvoir communiquer avec le monde extérieur. Il distingue d’ailleurs, notamment dans un fragment du chapitre premier des Ombres errantes le « puer »,l’enfant qui parle , de l’ « infans », l’enfant qui n’a pas encore acquis le langage. Dans « Froid d’Islande », première nouvelle du Nom sur le bout de la langue, l’auteur définit d’ailleurs le stade d’enfance par unstade de la défaillance, car les mots font toujours défaut à l’infans qui ne maîtrise pas alors le langage :

Les musiciens, comme les enfants, comme les écrivains, sont les habitants de ce défaut. Les enfants séjournent durant au moins sept années dans cette défaillance que le mot
même d’enfance signifie.

Pour que l’enfant ne reste pas prisonnier de cette défaillance (thème queQuignard connaît parfaitement pour en avoir fait l’expérience, car à l’âge de dix_huit mois puis à seize ans il est passé par des périodes d’aphasie, dont il sera sujet plus tard) il lui faut apprendre le langage afin de l’acquérir. Les personnages de Quignard sont d’ailleurs tous des personnages aux prises avec la défaillance du langage -qui est toujours à l’origine de l’action dans ce livre- quivont tenter tant bien que mal de le rechercher , le « réacquérir » , se réapproprier un nom ou un mot, à l’instar de sa mère (dans le
« Petit traité sur Méduse ») ,qui s’efforce de se rappeler un mot qui est pourtant tout près, sur le bout de sa langue, ou de Colbrune , héroïne du conte « Le nom sur le bout de la langue », qui fait un terrible pacte avec le diable : en échange d’une magnifiqueceinture brodée qui lui permettra d’épouser Jeûne le tailleur, elle promet à un sombre seigneur de se rappeler de son nom .Malheureusement au bout de neuf mois à peine ce nom lui fait défaut. Quignard nous montre avec ce petit conte combien l’individu se trompe en croyant posséder le langage, qu’il ne peut au mieux qu’apprendre. Dans le conte d’ailleurs le personnage de Jeûne sera celui qui,…