La société civile doit elle reposer sur un contrat social ?

La société civile doit-elle reposer sur un contrat social ?

La notion de société civile désigne en premier lieu tout groupement d’individus, dépendant les uns des autres et agissant selon des schèmes commun. Il est alors aisé de comprendre que de nombreux philosophes se soient penchés au cours de siècles sur la question de l’organisation de la société civile. De ces réflexions est notammentapparue l’idée qu’il est nécessaire d’établir des règles afin de garantir l’harmonie de la vie en société, la liberté individuelle ou la propriété privée selon les théoriciens. C’est ainsi que sont apparus les premières théories du contrat social, bien que l’idée même de ce type de contrat ne date pas de ces auteurs. On définit depuis lors le contrat social comme un pacte qui déterminel’organisation d’une société. Or, chez de nombreux philosophes du xviiie siècle, le contrat social est l’origine et le fondement même de toute communauté politique. Cette affirmation défendue par des auteurs tels que Hobbes et Rousseau met l’accent sur l’enjeu même du sujet, à savoir si la société civile doit reposer ou non sur un contrat social. En effet dans un premier sens, donner un fondement c’est établirsur des bases solides, faire que ce qui repose sur quelque chose est fondé et donc véritable. Faire reposer la société civile sur le un contrat social pourrait apparaître comme une volonté de légitimer ou justifier cette société civile. Le contrat social est par conséquent une solution proposée au problème de la justification de la société civil. Cependant si certains s’accordent, comme Rousseau,sur le fait que la société doit reposer et repose bel et bien sur un contrat social, d’autre remettent en question l’existence même de ce pacte ; d’autres encore proposant une autre forme de contrat qui pourrait s’apparenter à un pacte individuel.

Pour Rousseau, la société civile doit reposer sur une contrat social par lequel chacun renoncerait à ses droits pour les transmettre au souveraindans le but de garantir la liberté de tous.Rousseau explique dans le livre I Du Contrat Social que le contrat social, c’est à dire le contrat qui passe l’homme de l’état naturel à l’état social est une nécessité.
L’homme n’a pas toujours été à l’état social. Il est en effet passé dans un premier temps par différents stades tels que l’agrégation, c’est-à-dire lorsque l’homme s’est mis en sociétépar nécessité. La conception que Rousseau se fait de l’état de nature est complexe : pour lui ce stade correspond à l’homme tel qu’il serait s’il n’était pas un être social. L’homme est donc, chez Rousseau, naturellement bon mais rapidement la société le corrompt, jusqu’à ce que chacun agisse bientôt égoïstement en vue de son intérêt privé. Le contrat social a alors pour but de rendre lepeuple souverain, dans le but de l’inciter à abandonner son intérêt personnel pour suivre l’intérêt général. En effet, par cette association, l’individu perd la liberté naturelle — qu’il partage avec tous les êtres vivants — de subvenir à ses propres besoins avec toutes les forces dont il dispose, mais il gagne en contrepartie la liberté sociale définie comme la jouissance de droits garantis par la loi qu’ons’est soi-même donnée (liberté d’autonomie). Le même individu, en tant que sujet, obéit aux lois et, en tant que citoyen, les promulgue.
Cette liberté d’autonomie (« L’impulsion du seul appétit est esclavage et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté » dit Rousseau) est possible parce que le pacte social instaure entre les hommes une véritable égalité juridique envers et contre lesdifférences naturelles. L’État est donc créé pour rompre avec l’état de nature, en chargeant la communauté des humains de son propre bien-être.
De ce point de vue, pour assurer le bon fonctionnement de la société tout en assouvissant le désir de liberté de l’homme, la société civile doit se reposer sur un contrat social de type sécuritaire (vise à rompre avec l’état de nature) et démocrate…