L’amoureuse

Plan du commentaire composé
Introduction
I-Le regard créateur ou récréateur
II-Le dualisme éluardien, imagination et réalité
Conclusion
Introduction
Le poème l’amoureuse est le 4ème poème de la seconde section « Mourir de ne pas mourir », de Capitale de la Douleur, un recueil écrit presque entièrement au présent, d’une voix qui semble n’être la voix de personne en particulier, mais le murmured’un homme et de tous les hommes tenant dans leurs bras la première femme avec l’illusion que le temps s’est suspendu dans la sensation presque physique de l’éternité. Capitale de la douleur fait une large place au regard, il suffit que les deux amants se contemplent pour qu’ils prennent vie et lumière, l’oeil miroir de chacun devenant alors un ressort, un foyer de vie. Capitale de la douleurretrace l’itinéraire d’Eluard dans sa tentative désespérée et douloureuse de surmonter l’épreuve d’un amour agonisant, l’infidélité de Gala avec le peintre allemand dadaïste Max Ernst, et son départ avec un autre peintre, Salvador Dali. Le poème « L’amoureuse » comme l’ensemble des poèmes de la section « Mourir de ne pas mourir » sont des poèmes de brisure du lien amoureux suivis de méditations, de nuitsspirituelles, de solitude, de réflexions sur la fin d’un amour qui l’a dynamisé pendant sept pour échapper à sa maladie. Eluard se livre également, à cette époque à des expériences mystiques pour combattre son abandon, ses échecs sentimentaux, et envisage même, un moment, de renoncer à écrire. Ce poème « L’amoureuse » doit se lire comme le poème d’un être en souffrance. Elle est debout sur mespaupières » se comprend comme un obstacle pour l’empêcher de voir, le rendre aveugle devant les infidélités de sa maitresse. « L’amoureuse » nous relate la rupture du fil mélodique, la douleur des amours défunts dont on ne peut effacer le souvenir. On rapproche souvent « Les fleurs du Mal » de Baudelaire à « Capitale de la douleur », et le rapprochement est évident entre le poème « Hymne » de Baudelaire, unpoème à sa muse Madame Sabatier et ce poème « L’amoureuse », un poème à celle qui fut sa muse entre 1916 et 1923. Le ressort de sa vie, intimement lié à son expérience amoureuse, et coeur du langage éluardien est dans ce « poème « L’amoureuse » bien cassé.
I-Le regard, créateur et récréateur
Gala ou Madame Sabatier n’incarnent pas précisément des modèles de vertu mais occupent à leurs corps défendantune position de femme sublime dans l’univers poétique. Le paysage eluardien de « Mourir de na pas mourir », celui du malheur, de la trahison de la femme aimée est fondamentalement un paysage de fermeture. Ce chantre de la communauté humaine trouve derrière ses paupières closes la figure tragique de la solitude dans laquelle sa muse continue de tenir une place importante. Pour Eluard, les yeux de lafemme qu’il aime et dans lesquels il se regarde deviennent des yeux fertiles, des yeux aussi qui le rende fertile, l’oeil miroir est aussi un oeil foyer, source de vie et de lumière. Il suffit que deux amants se contemplent l’un l’autre pour qu’ils deviennent l’un et l’autre origine infinie de vie et de lumière. « Elle est debout sur mes paupières », formule qui a fait le tour du Monde sans êtresouvent bien comprise est l’image, le songe, la vision obsédante de sa muse, de la femme qu’il a aimé et qui le poursuit même lorsqu’il ferme les yeux, que Gala n’est plus là. Les paupières qui ferment les yeux sont des obstables à la lumière qui maintiennent le corps dans l’obscurité. « Elle est debout sur mes paupières » signifie qu’Eluard, au moment de s’endormir continue de voir cette femme, même lesyeux fermés, en projection sur ses paupières, comme si elle se tenait debout devant lui. Les paupières forment une sorte d’écran qui permet d’afficher des images intérieures qui défilent. Les paupières ne s’opposent pas au regard, elles le complètent en le reproduisant de façon à conserver une vision intérieure. Par une sorte de rémanence poétique, l’image n’est pas un simple reflet mais est…