Le chômage en france

Que nous apprend l’analyse économique pour comprendre la persistance du chômage en France depuis les années 1970 ?

I. Des politiques macroéconomiques en général peu favorables aux créations d’emplois.

L’essentiel de la progression du chômage en France a eu lieu entre 1975 et 1985 (de 3.5% à 9%), période de hausse ininterrompue du phénomène, entre 1991 et 1994 (8.2% à 10.7%) et entre 2008et 2010 (de 7.4% à 9.6%). Au cours de la première période, l’emploi salarié a stagné (surtout entre 1978 et 1985) alors même que la population active augmentait. Le développement du chômage s’explique par l’écart entre le rythme d’augmentation de l’emploi et celui de l’augmentation de la population active. Dans un contexte en France de hausse de la population active (plus forte que par exemple auDanemark ou en Suède), les créations d’emplois doivent l’emporter sur les destructions pour que l’emploi se maintienne. Dans la deuxième période, l’emploi salarié a reculé fortement alors même que la population active continuait de croître. De ce fait, ces quatre années ont entraîné une hausse du plus rapide du chômage en moyenne par an que la première période. Dans la troisième période, plus de600 000 emplois ont été détruits, alors que la population active est quasiment stable. Les phases de diminution du chômage par des créations massives d’emplois ont été trop limitées dans le temps (1988-1990, +100.000 emplois par an et 1998-2002, +400.000 emplois par an, 2005-2008, +300.000 emplois par an) pour effacer le stock accumulé du chômeurs.

L’analyse keynésienne du chômage expliquecelui-ci par l’insuffisance de la croissance économique due à une progression insuffisante de la demande. Or les entreprises ajustent le volume de l’emploi à la demande anticipée. Or, ces périodes ont été marquées par des ralentissements de la croissance économique : entre 1980 et 1985, la croissance économique français a été en moyenne de 1.5 % l’an, entre 1991 et 1994 inférieure en moyenne à 1 %l’an et en 2008 et 2009 en moyenne de –0.9 % par an. Dans les trois cas l’investissement était en forte baisse ; la demande freinait donc bel et bien (même si les causes de cette baisse étaient différentes : taux de marge trop faible et taux d’intérêt réel en hausse dans le premier cas et taux d’intérêt réels élevés, consommation en progression ralentie dans le deuxième cas et attentisme et problèmesde financement externe dans le troisième cas). Seule la période de hausse du chômage entre 1976 et 1979 a été accompagnée d’une croissance économique forte : 3.5 % l’an en moyenne, créant 500 000 emplois en quatre années mais n’empêchant pas étant donnée la situation démographique une hausse de 1.8 point du taux de chômage (de 4.1 % à 5.9 %). Reste que cette période un peu particulière, liée à laconjoncture démographique, est peu contributrice de la progression du chômage.

Les politiques macroéconomiques menées depuis les années 1980 ont souvent été inadaptées à la réduction du chômage en France jusqu’à la fin des années 1990. Au début des années 1980, la politique de relance économique a favorisé une hausse de l’inflation et du déficit courant sans parvenir à réduire le chômage. Lesentreprises étaient dans une situation financière mauvaise et leur manque de rentabilité et de compétitivité a empêché le développement des embauches. Sauf que cette politique de relance a aggravé ensuite la politique de désinflation compétitive qui était devenue nécessaire mais qui dans le contexte européen du SME a signifié un sacrifice de l’objectif d’emploi à l’objectif d’inflation basse, derétablissement des comptes des entreprises et de maintien du taux de change. Les taux d’intérêt réels élevés (taux réels supérieurs à 4% de 1983 et 1993) ont bridé la croissance économique française notamment au début des années 1990 où l’investissement s’effondre et sont de ce point de vue responsables en grande partie de la récession de 1993 et de la progression du chômage à cette époque Si…