Le « crise du roman »
Le roman s’affirme en tant que genre au moment où la bourgeoisie triomphante promeut ses valeurs, en ce début du XIXe siècle, où le Romantisme valorise les effusions du »moi » et sacralise l’individu.
Dans les années 1950 et 1960 se développe une tendance de la littérature française qui tirera son nom d’un recueil d’articles d’AlainRobbe-Grillet, intitulé « Pour un nouveau roman » (1963). Cette tendance regroupe en fait des individus au style différents (Alain Robbe-Grillet, Michel Butor, Nathalie Sarraute,Robert Pinget, Claude Simon, Marguerite Duras) mais qui publient chez le même éditeur parisien, « Les Editions de Minuit, et dont le directeur, Jérôme Lindon, joue dans leslettres françaises un rôle très important.
Un point commun cependant réunit cette « collection d’écrivains » (Jean Ricardou); le rejet du roman traditionnel, de type balzacien,dans lequel prime la chronologie et la fiction, le personnage et la psychologie, la structuration d’une intrigue en causes et effets. Il s’agit désormais pour les romanciersd’une recherche sans finalité, une exploration de l’inconscient, d’où le célèbre Jean Ricardou: « le roman n’est plus l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’uneécriture ». Cette vision de l’écriture conduit à des textes qui mettent en valeur la présence des objets, du temps et de l’espace, des obsessions, de la mémoire. Le roman devientainsi une écriture donc l’objet est l’acte d’écrire, un acte qui vise finalement le langage.
« Un personnage, tout le monde sais ce que le mot signifie. ce n’est pas un « il »quelconque, anonyme et translucide, simple sujet de l’action exprimée par le verbe. Un personnage doit avoir un nom propre, double si possible: nom de famille et prénom ».