Le roman

Dissertation

Le XIXe siècle est considéré comme l’âge d’or du roman. A cette époque, le roman entre dans de nombreux foyers en paraissant par épisodes sous la forme de feuilletons dans des journaux : Eugène Sue, Paul Féval ont ainsi écrit des romans ayant connu d’immenses succès. Les romanciers s’intéressent à la société de leur temps et écrivent des romans réalistes : Balzac met enscène des héros dévorés d’ambition (Rastignac dans Le Père Goriot) ou d’avarice (le père Grandet dans Eugénie Grandet), Victor Hugo dénonce la pauvreté dans Les Misérables, Maupassant, les arrivistes dans Bel-Ami. Quant aux romans fantastiques (comme La peau de chagrin de Balzac), ils nous introduisent dans le domaine de l’irréel. Le roman explore également le passé, avec des romans historiques commeNotre-Dame de Paris de Victor Hugo, dont l’action se situe au Moyen Âge, ou les nombreux romans d’Alexandre Dumas, tel Les Trois Mousquetaires, dont l’histoire se passe au XVIIe siècle. A l’inverse, certains romanciers explorent l’avenir et écrivent des romans d’anticipation scientifique, ancêtres de la science-fiction : De la Terre à la Lune de Jules Verne raconte ainsi l’arrivée de l’homme surla Lune avec plus d’un siècle d’avance ! Les romans sont alors souvent des romans de formation : ils racontent le passage d’un jeune homme à l’âge adulte. D’abord plein d’énergie et d’ambition, le héros, confronté aux réalités de l’existence, perd peu à peu ses illusions : Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, Lucien de Rubempré dans Illusions perdues de Balzac, Frédéric Moreau dansl’Education sentimentale de Flaubert. Mais après tout, comment nous, lecteurs, pouvons-nous définir le roman ? Cette question existentielle posée lors de la lecture de toute œuvre romanesque, nous la développerons en un plan dialectique formé de trois parties : le roman, une œuvre littéraire tiraillée entre imaginaire et réalité – un mariage, certes implicite, mais omniprésent des deux entités etenfin les versants souvent trop négligés mais indispensables pour l’intérêt d’un roman.

Comme l’affirme François Bon, dans l’épigraphe de son livre Un fait divers : « Ce livre […] utilise des éléments parfois réels, parfois imaginaires. ». Nous discernerons donc l’imaginaire et la réalité du roman.

Au XVIIIe siècle, le roman fantastique dont la base est l’imagination, souffle créateur del’écrivain, connait son entrée en scène en France grâce à l’œuvre écrite par Jacques Gazotte en 1772 : Le Diable amoureux, considéré comme le précurseur du récit fantastique, qui mêle avec habileté un badinage léger et souvent amusant à une représentation des fascinations et des terreurs les plus profondes de l’esprit humain face à l’inconnu et à la sexualité. Cette notion de fascination est égalementabordée par Jean Giono dans son œuvre : Un roi sans divertissement, où il retrace la chronique d’un village isolé dans les Alpes où se déroulent, chaque, hiver entre 1843 et 1845, de mystérieuses disparitions. Langlois, un gendarme, mène l’enquête et pressent vite que l’assassin obéit à un bien curieux motif : la fascination pour le sang sur la neige, qui semble le divertir de l’ennui profond etexistentiel qui le ronge. Cette passion déconcertante se rapproche vaguement dans Le Horla de Maupassant, où le narrateur nous rapporte ses angoisses et troubles par une sorte de journal : il sent autour de lui la présence d’un être invisible qu’il nomme le « Horla ». Au début lucide, il sombre peu à peu dans la folie en cherchant à se délivrer de cette emprise. Il finira par incendier sa demeure et,dans les dernières lignes de la nouvelle, face à la persistance de cette présence, il entrevoit la mort comme ultime délivrance. L’aspect fantastique du récit vient du doute créé chez les lecteurs quant à la démence du narrateur – ou à la réalité des faits qu’il rapporte : sa cohabitation avec un être surnaturel. Outre cet aspect surnaturel, le roman imaginaire est marqué par l’avènement…