Les deux coqs, la fontaine

Les Deux Coqs

Deux coqs vivaient en paix: une poule survint,
Et voilà la guerre allumée.
Amour, tu perdis Troie ; et c’est de toi que vint
Cette querelle envenimée
Où du sang des Dieux même onvit le Xanthe teint.
Longtemps entre nos coqs le combat se maintint.
Le bruit s’en répandit par tout le voisinage,
La gent qui porte crête au spectacle accourut.
Plus d’une Hélène au beau plumageFut le prix du vainqueur. Le vaincu disparut:
Il alla se cacher au fond de sa retraite,
Pleura sa gloire et ses amours,
Ses amours qu’un rival, tout fier de sa défaite
Possédait à ses yeux. Ilvoyait tous les jours
Cet objet rallumer sa haine et son courage;
Il aiguisait son bec, battait l’air et ses flancs,
Et, s’exerçant contre les vents,
S’armait d’une jalouse rage.
Il n’en eut pasbesoin. Son vainqueur sur les toits
S’alla percher, et chanter sa victoire.
Un vautour entendit sa voix :
Adieu les amours et la gloire;
Tout cet orgueil périt sous l’ongle du vautour
Enfin, parun fatal retour
Son rival autour de la poule
S’en revint faire le coquet :
Je laisse à penser quel caquet;
Car il eut des femmes en foule.
La fortune se plaît à faire de ces coups;
Toutvainqueur insolent à sa perte travaille.
Défions-nous du Sort, et prenons garde à nous
Après le gain d’une bataille.

Jean de la Fontaine,
Les Fables

________________________________________________Les Deux Coqs,
La Fontaine
1678

Introduction :

La Fontaine : moralise, il condamne les excès et les travers de la société et du pouvoir.
Inspiré d’Esope.
Les Deux Coqsinsérés dans un groupement sur la fortune.

I.Une comédie burlesque

a) Une parodie de la Guerre de Troie
(décalage : héroïcomique ; registre épique : alexandrins, style noble, paraphrase,forme emphatique, épithète homérique)

b) Un coup de théâtre
(changement de style, de point de vue)

c) L’humour final
(allusion érotique, caquet =/ coquet)

II.Une leçon à plusieurs…