Loth et ses filles – vouet

Loth et ses filles

Simon VOUET

Huile sur toile
1633-1634
53,5 x 40 cm?
Strasbourg, Musée des beaux-arts

INTRODUCTION

AU 17EME, ALORS QUE L’EUROPE EST EN PLEINE EFFERVESCENCE ARTISTIQUE, LOUIS XIII RAPPELLE AUPRES DE LUI UN ARTISTE FRANÇAIS DEVENU ROMAIN DEPUIS 16 LONGUES ANNEES. CET ARTISTE EST SIMON VOUET, PEINTRE FRANÇAIS TALENTUEUX QUI, DEJA JEUNE AVAIT MONTRE EN FRANCESON GENI ET SA PASSION.

SA CARRIERE EUT UNE EVOLUTION INCESSANTE, JONGLANT ENTRE LES STYLES, LES THEMATIQUES ET LE GOUT PARTICULIER DE SES COMMANDITAIRES.

AU SEIN D’UNE CARRIERE SANS FAILLE, UN TABLEAU DECISIF SE LOGE DANS UNE PARENTHESE BIEN PARTICULIERE. CINQ ANNEES DE CREATION ATYPIQUES, CREATRICES DE NOUVEAUTES.

C’EST DURANT CES ANNEES QUE VOUET S’ATTACHA A REPRESENTER LE PASSAGE DELA BIBLE COMPTANT L’HISTOIRE DE LOTH ET SES FILLES. CE TABLEAU EUT UNE GRANDE IMPORTANCE DANS L’HISTOIRE DE L’ART FRANÇAISE, ET DANS LA CARRIERE DE L’ARTISTE.

NOUS NOUS ATTACHERONS EN PREMIER LIEU AU CONTEXTE DE L’EPOQUE ET DE L’ARTISTE, POUR ENSUITE ANALYSER LA RICHE ICONOGRAPHIE DE VOUET. ENFIN, NOUS ANALYSERONS LES ELEMENTS PLASTIQUES DE LA REPRESENTATION.

ANALYSE HISTORIQUE

I.CONTEXTE ARTISTIQUE
a. Baroque et classicisme au XVIIe
Avant de plonger le lecteur dans l’étude de l’œuvre de Simon Vouet, il semble important de rappeler le contexte artistique de l’époque. Pour cela, revenons légèrement en arrière.
Au XVIe siècle, eut lieu un événement majeur dans l’Histoire de l’Europe, de l’Eglise, et de l’art par la même occasion. Comme nous le savons, Luther fit part àl’Eglise de nombreuses accusations et posa au clergé des questions d’ordre fondamental. Ainsi, se réunît, en la ville de Trente, quelques évêques, cardinaux et autres personnes du clergé, mis ainsi à l’écart afin de réfléchir et rédiger un Concile. En réponse à Luther, l’Eglise réaffirma ses dogmes et traditions, et redéfinit le statut des prêtres, des évêques et du Pape. Ainsi, l’Eglise se fit plusstricte et rigoureuse et attentives aux débordements de son clergé et des laïcs. Dans ces débordements se trouvaient les commandes d’œuvres d’art, mélangeant vocabulaire profane et vocabulaire sacré, dans le style maniériste de cette fin du XVIe. Le « cahier des charges » donné à l’artiste, notifiait donc clairement ceci : l’œuvre ne devait plus être uniquement réservé à l’appréciation de l’élite, maisau peuple, c’est à dire aux illettrés, en respectant des codes de représentation stricte. Cette décision influença donc, directement, les commandes et la production artistique, tout d’abord à Rome, puis dans l’Europe entière.
Deux figures de proue se détache alors du paysage artistique italien : Annibal Carrachi et le peintre nommé « il Carravagio ». Ces deux peintres – respectivement de Bologneet de Naples – répondirent au Concile par deux styles différents. Le premier – aidé de son frère et son cousin – développa un style plutôt rigoureux, claire et limpide, appelé par la suite « classicisme ». Le second, Caravage, créa un art nouveau, fondé sur l’opposition de la lumière et de l’ombre (clair-obscur), représentant des personnages d’un naturalisme révolutionnaire pour l’époque, dans descompositions de « scènes de genre », très contemporaine pour l’époque. Ainsi la Vocation de Saint Mathieu, à l’Eglise San Luigi dei francesi, devint une œuvre phare du XVIIe siècle, pour le courant appelé deux siècles plus tard : « baroque ». Les deux peintres, eurent leur école, leurs élèves et furent à l’origine de deux courant qui irriguèrent le siècle, et même bien au delà…

b. Rome etParis, des liens étroits
Rome resta au XVIIe siècle, la capitale européenne de l’art. Les princes d’Europe rivalisant entre eux afin d’avoir les peintres les plus reconnus, ne pouvait se comparer à l’effervescence alors présente en Italie, et principalement à Rome au début du XVIIe. Tous les artistes européens, devaient alors parfaire leur formation à Rome, et dans les autres villes de l’Italie…