Relation de confiance
L’évolution médicale est incessante et son essor vertigineux. Ces avancées ces prouesses, largement médiatisées, transforment nécessairement la perception de la médecine par le « grand public » constitué de potentiels patients. L’accés à l’information médicale est devenu régulier voire permanent. Ces notions médicales pourtant abstraites semblent dés lors moins étrangéres aux profanes. Une telletechnicité ne pourrait-elle pas tout ou presque ? Où sont les limites de ces performances rendues presque familiéres ?
De fait, la conception de la santé, de la maladie s’en trouve bouleversée, ce d’autant que le rapport au corps a lui aussi été modifié. L’image sociétale du corps correspond à une utopie, où la maladie n’existerait pas, devenant alors une véritable inconnue lorsqu’elle estvécue.
Les exigences et les attentes des patients se sont donc fonciérement modifiées par rapport à cette médecine qui peut beaucoup. Mais avant toute technicité se place la relation individuelle – même si elle peut paraître dés lors bien pâle face à ces capacités médicales.
La premiére étape est inéluctablement le temps de la rencontre. Sans rencontre vraie avec l’altérité, le soin ne peuts’élaborer. La perception de l’autre a plusieurs impératifs, au premier rang desquels vient la confiance. Sans confiance, la relation ne peut être que partielle, car placée sous le sceau du doute, de la suspicion potentielle. Penser une relation sans confiance est nier la quintessence même de cette relation qui doit s’élaborer entre le malade et le médecin ; l’absence de confiance empêcherait à chacun des’ouvrir face à l’autre, de construire l’axe soi-autrui dont parlait Ricœur. Nous pouvons tout à la fois être soi et autrui.
L’étymologie du mot confiance signifie « foi en quelque chose, en quelqu’un ». Se fier à, car il s’agit bien de cela : se fier à un autre, à l’inconnu, se confier pleinement. Les arcanes de cette confiance seront propres à chaque relation, implicitement liée aux deux êtres enprésence. Il s’agit d’une attitude face à une situation inconnue et aux inconnues multiples voire démultipliées – non connaissance de l’altérité mise en présence, de la demande, de la réponse – de la capacité à croire en l’autre, et de s’en remettre à lui. En ayant cette confiance mutuelle, aucune des deux rationalités ne peut être remise en cause, ni celle du malade venu chercher une aide, nicelle du soignant apportant ses compétences en réponse.
Donner sa confiance au soignant c’est accepter la démarche clinique, permettre à ce même soignant de travailler.
Accorder sa confiance au malade c’est, entre autre, comprendre sa demande de soins, la respecter. Demander la confiance du malade sans lui donner la sienne serait pernicieux et délétére à cette relation fragile.
Lavulnérabilité de chacun ne peut être niée tant celle du malade, profane qui s’en remet au soignant, que celle du soignant soumis à la difficulté de l’exercice médical et à ses écueils. Seule la réciprocité permet de s’engager mutuellement, de s’en remettre à l’autre, de collaborer. Si ce lien n’est pas réciproque, la relation de soins ne peut être construite et encore moins exister dans sa plénitude. Ne pasfaire confiance à celui qui est partie prenante dans cette relation la rendrait à sens unique et perdrait de fait son sens d’échange. Deux identités distinctes qui ne se sont pas choisies, deux finalités qui tendent vers le même but mais dont les motivations peuvent être différentes. L’un vient chercher un soin, la guérison, l’autre met à disposition une technicité, un savoir.
La confiances’inscrit comme un postulat bilatéral de bienveillance à l’égard de l’autre, permettant de s’ouvrir à l’autre. Si la confiance est nécessaire à l’établissement de la relation, elle n’est pas suffisante à elle seule. Respect, écoute, attention, honnêteté sont autant d’arcanes non exhaustives qui viennent sceller non seulement la rencontre, mais deviennent éléments majeurs de la relation….