Relation maitre valet

Introduction
Le couple maître / valet est un motif déterminant de la comédie et les répertoires de Molière, de Beaumarchais, de Marivaux, ont laissé quelques couples célèbres à la postérité : Don Juan et Sganarelle, le comte Almaviva et Figaro, Arlequin et Dorante, Marivaux a même fait de la relation maître / valet, le sujet de L’Île des Esclaves. Jacques le Fataliste et son maîtren’appartient certes pas au genre dramatique, pour autant, la relation entre ces deux personnages est au centre du récit et on peut considérer que Jacques et son maître entretiennent avec leurs compères du théâtre des liens étroits.
On retrouve chez Jacques les motifs traditionnels du valet : son origine sociale : le valet est pauvre et en échange de ses services, le maître lui assurele gîte et le couvert ; dés lors matériellement il dépend entièrement de son maître auquel il est soumis et doit obéissance. Il doit subir les impatiences et les caprices du maître. Sans patronyme, identifié par son unique prénom, le valet est considéré comme un être inférieur et les coups et les injures sont souvent leur lot.
Mais le valet, au cours des siècle, fait de plus en pluspreuve de bon sens, acquiert de plus en plus finesse d’esprit, de conscience sociale et loin de se laisser faire passivement, il revendique son mérite et demande qu’on le regarde comme un être à part entière,  » Un Jacques, Un Jacques, Monsieur, est un homme comme les autres. » ( 194). Bien sûr comme on le verra, Jacques n’a pas l’envergure d’un Figaro et ne remet pas vraiment en cause son statut,il n’a pas non plus la hargne de Sganarelle mais il est plus franc que lui, il ne se cache pas derrière un quelconque artifice pour dire à son maître ce qu’il pense de lui.
En fait tout l’intérêt du couple Jacques et son maître réside dans le traitement particulier que Diderot en fait : il continue et renouvelle la relation maître / valet. Même si Jacques n’est pas un valetrévolutionnaire, même s’il est au contraire assez conformiste  » Restons comme nous sommes, nous sommes fort bien tous les deux. » ( 199), il n’en demeure pas moins que la relation qu’il entretient avec son maître est révélatrice de l’évolution des mentalités et de la société au XVIIIème siècle. En effet, Diderot propose un nouveau type de relation entre le maître et le valet, relation plus cordiale, plushumaine, relation complémentaire : chacun doit être à l’écoute de l’autre, respecter l’autre puisqu’ils sont indispensables l’un à l’autre.
Bien plus qu’un exemple, à travers Jacques et son maître, Diderot invite le lecteur à réfléchir sur la relation de dépendance en général.  » Chacun a son chien » déclare Jacques ( 201) pour exprimer le besoin que chacun a de dominer, de commander à unautre. Ainsi est posé le principe qui régit la hiérarchie sociale et qui la justifie  » Le ministre est le chien du roi, le premier commis est le chien du ministre… » et il conclut que c’est finalement toujours la loi du plus fort qui régit les relations entre les hommes :  » Les hommes faibles sont les chiens des hommes fermes. » ( 201)

Jacques et son maître : deux personnalitésantithétiques
Leur statut et leur origine sociale marquent les premières différences entre les deux personnages. En effet, le maître revendique « un nom, un état, des prétentions », tandis que Jacques, valet depuis sa blessure au genou, est issu du peuple. Aussi leurs relations sont-elles différentes : l’un fréquente des petits artisans, tel Bigre, l’autre de riches bourgeoisqu’il ennoblit, tel Desglands, « Seigneur de Miremont » ; Jacques s’exprime le plus souvent dans un langage familier et parle de « coupe-jarrets », Mme de La Pommeraye est  » une chienne » ( 178) son maître parle dans un langage soutenu,  » Jacques, vous ne vous observez pas » ( = se contrôler, 134) et adresse un discours grandiloquent pour le consoler de la mort de son capitaine ; leurs…