Titrisation
L’ABC DE
L’ÉCONOMIE
Qu’est-ce que la titrisation?
faillance historiquement bas et la facilité d’accéder aux instruments de couverture encourageaient les investisseurs à prendre plus de risques pour obtenir un meilleur rendement. Beaucoup de prêts n’étaient pas comptabilisés dans le bilan de ceux qui les titrisaient, ce qui a peut-être encouragé les initiateurs à trier et surveiller moinsstrictement les emprunteurs, avec pour conséquence éventuelle une dégradation systématique des normes de prêt et de garantie.
Andreas Jobst
L
A CRISE des hypothèques à risque qui a éclaté en 2007 a terni le concept de titrisation, qui date de plusieurs décennies. La titrisation consiste à regrouper certains types d’actifs pour les restructurer en titres portant intérêts. Le paiement desintérêts et du principal sur ces actifs est transféré à l’acheteur des titres. La titrisation a commencé dans les années 70, quand les agences spécialisées appuyées par le gouvernement des États-Unis ont regroupé les hypothèques immobilières. À partir des années 80, on a commencé à titriser d’autres actifs générateurs de revenu et, ces dernières années, le marché a connu une croissancespectaculaire. Sur certains marchés, comme ceux des titres adossés à des hypothèques à risque aux États-Unis, la dégradation inattendue de la qualité de certains des actifs sous-jacents a miné la confiance des investisseurs. L’ampleur et la durée de la crise du crédit qui en résultent semblent montrer que la titrisation, combinée à une mauvaise distribution du crédit, à des méthodes d’évaluation inadéquates età un contrôle réglementaire insuffisant, pourrait porter un coup très grave à la stabilité financière. Un nombre croissant d’institutions financières utilisent la titrisation pour transférer le risque de crédit sur les actifs qu’elles émettent de leur bilan à celui d’autres institutions, comme les banques, les compagnies d’assurances et les fonds spéculatifs. Les Author: B2B, 6/28/08 raisons ensont diverses. Il est souvent moins coûteux de mobiliser Proof de l’argent par la titrisation, et les actifs titrisés revenaient moins cher aux banques parce que les autorités de réglementation ne leur appliquaient pas les mêmes normes qu’aux actifs sous-jacents. En principe, cette méthode consistant à «initier et distribuer» a aussi apporté de grands avantages économiques en étalant le risque decrédit, réduisant ainsi la concentration du risque et les Initiateur vulnérabilités systémiques. des actifs Jusqu’à l’éclatement de la crise du crédit Actifs sous-jacents à risque, la titrisation semblait avoir des efPortefeuille de fets modérés et positifs. Pourtant, d’aucuns référence lui reprochent de réduire l’incitation des (garanties) initiateurs à respecter des normes minimales de prudenceen matière de crédit, de gestion du risque et d’investissement, à une époque où les faibles rendements des titres de créance classiques, les taux de dé48 Finances & Développement Septembre 2008
La titrisation : mode d’emploi Sous sa forme la plus simple, le processus comporte deux étapes (voir graphique). Dans la première, une société qui détient des créances ou d’autres actifs générateurs derevenu — l’initiateur — choisit les actifs qu’elle veut enlever de son bilan et les regroupe dans ce qu’on appelle un portefeuille de référence. Elle vend ensuite ces actifs à un émetteur, par exemple une entité à vocation spéciale (EVS), souvent créée par une institution financière pour acheter les actifs et effectuer leur traitement juridique et comptable hors bilan. Dans la seconde étape,l’émetteur finance l’acquisition des actifs groupés en mettant sur le marché des titres rémunérés négociables qui sont vendus à des investisseurs sur le marché des capitaux. Ceux-ci reçoivent des paiements à taux fixe ou flottant depuis un compte fiduciaire financé par le produit du portefeuille de référence. Dans la plupart des cas, l’initiateur assure le service des prêts du portefeuille, collecte…