La violence est-elle toujours synonyme d’insécurité?
La violence, comme l’insécurité, sont des notions ambiguës. A commencer par leur définition. En effet, se demander ce qu’est, par exemple, la violence, c’est peut être répondre selon un parti pris. Qui définit la violence, quelles sont leurs causes, leurs effets, comment doit-on y répondre ? Toutes ces questions cachent des enjeux de normes, qu’ils soient politiques, culturels ou sociaux. Lesgraffitis dans les rues sont des signes de violence symbolique d’après les autorités, garants des normes dominantes, tandis qu’ils seront considérés comme un art urbain par leurs protagonistes, souvent jeunes. Les habitant-e-s du quartier touché ressentiront, peut être, un fort sentiment d’insécurité face à ces symboles qui souillent leurs maisons. En effet, les médias comme par exemple certainesenquêtes journalistiques diffusées à heure de grande écoute sur des chaînes nationales, pourraient alimenter la peur, l’angoisse du citoyen-ne envers ces « jeunes délinquants » qui sont justement associés à ces dits graffitis. Il convient donc de se situer, de savoir de quoi nous parlons. La violence n’est pas perçue de la même façon selon de quel côté nous nous situons. Il ne faudrait pas selaisser avoir par des discours moralisateurs, ni se faire éblouir par des tentatives de victimisation. La violence est un fait dans notre société, tout autant que l’insécurité. Mais il conviendra de définir la violence du mieux possible, selon une approche psychosociale, ainsi que de définir l’insécurité et le sentiment d’insécurité, toujours dans la même perspective. Tout au long de cet exposé, jetenterai de montrer dans quelle mesure ces deux notions sont très sujettes à la perception que s’en font les individus. Je tenterai de démontrer que la violence et l’insécurité sont liées mais ne signifient pas la même chose. Elles ne sont pas synonymes, mais plutôt complémentaires, la violence engendrant ou pouvant engendrer l’insécurité ainsi que le sentiment d’insécurité.
Voici une définitionde la violence, telle qu’elle est donnée dans Le Petit Larousse illustré, « caractère de qqn qui est emporté, agressif ; brutalité ». On le voit bien, cette définition ne suffit pas. Bien trop vague, elle risque d’être trop enfermée par la norme qui dicte ce qui est « juste» et ce qui n’est le pas. C’est à dire ce qui est ordré dans notre société et ce qui ne l’est pas. Le problème majeur, c’estque la définition de la violence ne s’arrête pas au simple caractère agressif d’une personne ou à son côté « brutal ». Une définition globale de la violence donnée par l’OMS en 2002, tirée du livre Psychologie des violences sociales permet une meilleure explication de ce qu’elle est : « La menace ou l’utilisation intentionnelle de la force physique ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui oucontre un groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fortement d’entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques, un maldéveloppement ou des privations ». Il y a donc plusieurs facteurs qui entrent en jeux. L’idée de menace, d’intention, de risques de traumatismes, etc. Par exemple, si dans la rue une personne se fait brutalement bousculer par un autre individu et qu’il tombepar terre, puis ne s’excuse pas, il sera jugé, par la majorité, comme quelqu’un de violent. Par contre, lors d’une rencontre de hockey entre le HC Davos et le Kloten Flyers, si un joueur du HC Davos se fait brutalement bousculé par un adversaire et qu’il tombe, l’impact du geste de son ce dernier n’aura pas la même signification. Pourtant, si l’on prend la définition du Petit Larousse Illustré,son acte devrait être jugé au même niveau de violence que lorsqu’un individu bouscule un passant dans la rue. L’apport de la seconde définition permet d’élargir l’explication. Ici, les traumatismes ressentit par l’homme dans la rue et par le joueur du HC Davos diffèrent. Le premier se sentira probablement en insécurité à chaque sortie, par contre, le joueur du HC Davos, ne risque pas d’arrêter…